Construction théorique de la recherche

C’est à la fois la dimension appliquée de ce sujet et le questionnement généralisable qu’il soulève qui m’ont donné envie de m’engager dans cette recherche. La manière dont je l’ai investie et construite à mon tour est exposée ici.

La dimension opérationnelle de la question de recherche fût mon fil directeur tout au long du cheminement de recherche. Au fil des observations, sa formulation est passée d’une question d’incantation « Comment maintenir l’arboriculture économiquement viable dans son espace d’origine, la Moyenne Vallée du Rhône ? » à une question de compréhension « Comment font les acteurs de la filière pour rester économiquement viables dans leur espace d’origine ? ». Bien qu’appliquée au cas particulier de l’arboriculture de la Moyenne Vallée du Rhône, cette interrogation rejoint les réflexions scientifiques actuelles concernant les enjeux de délocalisation/relocalisation des productions agricoles.

Plus précisément, elle revient à poser la question suivante : qu’est-ce qui, dans les interrelations existantes entre une production agricole et son espace géographique, peut permettre de soutenir ou valoriser la production afin de la maintenir économiquement viable dans son lieu d’origine ? C’est cette question qui a guidé la recherche bibliographique et la construction théorique.

Nous avons mobilisé deux corpus théoriques traitant des liens entre une production et son espace et de la manière dont ces liens peuvent être source de valorisation économique. Les deux corpus sont investis à la fois par des géographes et des économistes et proposent des notions complémentaires permettant de construire notre questionnement.

Le premier corpus correspond à l’ensemble des travaux portant sur les produits de terroir et les indications géographiques. Il offre un cadre d’analyse des liens entre un produit agroalimentaire, sa qualité et son espace d’origine par les notions de terroir et de qualité territorialisée.

Un grand nombre de recherches conduites dans les vingt dernières années par l’INRA-SAD11, par des ethnologues du CNRS12 ainsi que par des géographes ruraux français13 et suisses14 offrent aujourd’hui une connaissance approfondie des « produits de terroir ». Principalement saisis à travers les cas de produits sous AOC15 ou IGP16, ils font l’objet d’une littérature abondante, les analysant sous divers angles. Parmi ceux qui nous intéressent ici, tout d’abord, les conditions favorables à l’obtention d’un tel signe d’identification sont décrites17 ainsi que celles expliquant leur succès économique dans le marché globalisé (Barjolle et Sylvander, 2003) : ce sont principalement les rôles de la qualité spécifique du produit et de la cohérence de l’organisation collective qui le porte qui sont soulignés. Ensuite, des travaux montrent qu’en associant la qualité spécifique du produit à une aire géographique circonscrite, les SIQO et autres marques territoriales permettent d’ancrer des filières agroalimentaires sur des espaces peu compétitifs pour la production standard (Barjolle et Thevenod-Mottet, 2002; Pilleboue, 2000). Ainsi, les SIQO et les marques sont des outils juridiques qui, en formalisant le lien produit-qualité-espace, formalisent également leur typicité : une qualité territorialisée qu’il est impossible de reproduire dans d’autres lieux. C’est cette qualité territorialisée qui permet aux produits de terroir de se différencier du marché standard, donc de s’émanciper de la concurrence par les prix bas et par conséquent de demeurer économiquement viables dans leur espace d’origine. Ainsi, la manière dont les liens entre un produit de terroir et son espace peuvent permettre de valoriser ce produit est décrite par la notion de différenciation.

Outre la différenciation par une qualité territorialisée des produits identifiés par un SIQO ou une marque, à partir des années 2000 de nouvelles notions sont mobilisées par les chercheurs pour analyser d’autres types de liens valorisants entre un produit de terroir et un espace. D’abord, la reconnaissance de la dimension culturelle de ces produits a conduit à décrire des formes de valorisation patrimoniale18, notamment à travers les paysages qu’ils façonnent (Guimont, 2001), les fêtes locales (Betry, 2003) ou encore l’histoire locale des produits (Delfosse, 2000b). Ensuite, la dimension sociale des liens entre un produit et un espace est analysée. Plus précisément, il est montré que la capacité des acteurs locaux à s’organiser entre eux peut leur permettre de mieux mettre en valeur leurs produits. Cela est décrit dans les systèmes agroalimentaires localisés où les entreprises coopèrent entre elles pour innover (Fourcade et al., 2005). C’est également le cas dans l’élaboration de rente territoriale, soit par la création d’un panier de biens et de services (Mollard, 2001; Pecqueur, 2001), soit par des circuits territorialisés comme les « routes des vins » (Vandecandelaere, 2002).

L’objectif ici n’est pas de lister l’ensemble des travaux existants, mais de montrer que la grande majorité d’entre eux porte sur des ensembles produit-qualité-espace bien particuliers. Les produits analysés sont des produits « de terroir », c’est-à-dire faiblement artificialisés, caractérisés par une antériorité, une histoire, des savoir-faire propres localisés et ils sont le plus souvent transformés (Berard et Marchenay, 2004). Leur qualité est dite territorialisée, c’est-à-dire unique et issue de l’histoire, des conditions physiques (pédoclimat) et sociales (culture, savoirs) de l’espace dans lequel elle est élaborée. Enfin, l’espace de ces produits est décrit comme une entité spatiale et sociale, identifiée et délimitée, porteuse d’identité et de valeurs positives, analysée par la notion de terroir dans les cas de produits sous AOC ou IGP, ou par celle de territoire pour les cas de marques et de rentes territoriales.

Si les notions ainsi explicitées donnent des clefs de lecture pour comprendre la construction d’une valorisation par la qualité territorialisée d’un produit donné, elles ne sont que partiellement applicables au cas de l’arboriculture de la Moyenne Vallée du Rhône. De fait, l’analyse d’une production à la fois multi produits, non transformée, ancienne mais standardisée, et sans territoire identitaire ne peut se réduire à un questionnement par le corpus théorique que nous venons de révéler, à savoir l’ensemble produit-qualité territorialisée-territoire.

Il nous paraît important de prendre de la distance avec l’amalgame souvent fait entre les notions de « qualité » et de « territoire ». Elles sont généralement mobilisées conjointement comme une formule magique dans de nombreux discours professionnels et politiques : la « qualité » et le « territoire » sont proposés comme solution à la fois à l’agriculture productiviste et à sa crise économique. Sur le plan scientifique, la capitalisation des nombreux travaux concernant les produits de qualité territoriale a conduit à la proposition d’un modèle de développement alternatif au modèle industriel. Aussi aujourd’hui, par besoin méthodologique ou par volonté de contestation du modèle productiviste, la majorité des analyses des modèles de développement agricole se positionne dans une vision duale qui oppose « l’agriculture industrielle » à une « agriculture de qualité territoriale »19. Voyons d’abord ce que recouvrent ces deux modèles avant d’exposer en quoi cette vision duale ne nous semble pas opératoire pour notre question.

La première s’inscrit dans la continuité du modèle productiviste. Celui-ci se caractérise par une régulation sectorielle, des productions génériques produites selon une logique de moindre coût et inscrites dans le marché concurrentiel international. La stratégie des acteurs économiques suit une logique de firme. Géographiquement, les filières agroalimentaires suivant cette logique s’organisent en bassins de production de masse, originellement centrés sur les industries agroalimentaires (IAA). Par l’analyse des bassins endiviers et des filières fleurs du Nord de la France, Jean Vaudois a montré que sous la pression concurrentielle, ils tendent à se déterritorialiser en s’intégrant dans les réseaux économiques internationaux. La production peut en effet être délocalisée dans des espaces ou des pays à moindre coût de production et le bassin historique, disposant d’infrastructures et de compétences, demeure un centre logistique de regroupement de l’offre et de mise en marché (Vaudois, 1987; Vaudois, 2000). Nous appellerons ce modèle « modèle de productivité », afin, d’une part, d’éviter toute connotation négative associée au terme « productiviste », et parce qu’une agriculture peut être dans la logique décrite dans ce modèle, sans pour autant être productiviste20.

La seconde logique de développement s’inscrit dans ce que Bernard Pecqueur appelle le « tournant territorial » (Pecqueur, 2005). Il s’agit d’une agriculture dont l’objectif est de produire des produits de qualité spécifiée, vendus à prix élevés, et échappant ainsi à la concurrence. La gouvernance est essentiellement locale, entre les acteurs du système productif, qui s’inscrivent dans une stratégie de territoire. Cette logique de qualité construite à une échelle régionale a été analysée en termes de bassin de production de la qualité par Jean Pilleboue. Ses travaux montrent que lorsque la qualité est formellement associée à un territoire donné, soit par un label AOC ou IGP, soit par des marques territoriales ou privées, le bassin de production est davantage ancré dans son espace d’origine. Toutefois, la multiplication des référentiels (AOC, IGP, marques, etc.) et des stratégies, privées ou collectives, ainsi que la superposition des échelles, conduit malheureusement à une grande confusion pour les consommateurs (Pilleboue, 2000).

Ainsi, selon cette approche duale, l’agriculture inscrite dans le modèle de productivité aurait tendance à se déterritorialiser, c’est-à-dire à délocaliser la production dans des espaces à moindre coût de production et à insérer ses structures économiques (IAA, metteurs en marché) dans des réseaux commerciaux nationaux et internationaux qui dépassent les échelles et compétences du territoire originel. En revanche, le modèle de la qualité territoriale offrirait une alternative aux agricultures des espaces les moins compétitifs en leur permettant de se maintenir économiquement viable grâce à une qualité territorialisée. Les auteurs reconnaissent que ces deux modèles, en tant qu’idéaux-types, cohabitent en réalité sur un même lieu et dans une même entreprise. Ils soulèvent des questions qui méritent d’être creusées : la qualité est-elle l’alternative de la productivité ? Peut-on appliquer le modèle de qualité en toutes circonstances ? Il nous semble que le questionnement doit également porter sur l’opposition qui est implicitement faite entre un modèle de productivité sans lien au territoire et un modèle de qualité territorialisée. La question peut paraître hasardeuse tant l’idée de déterritorialisation est associée à celle d’agriculture industrielle. Beaucoup, à l’instar de Jean Renard, prennent comme exemple le cas caricatural des élevages hors-sol de Bretagne dont les intrants sont importés et les produits destinés au marché mondial, pour montrer l’effacement de tout lien entre l’agriculture industrielle et le territoire (Renard, 2004).

Il n’en demeure pas moins que le développement de certaines filières industrielles est fondé sur des caractéristiques territoriales. C’est le cas du « modèle agricole breton »21 dont la réussite, dans les années 1960-70, s’explique avant tout par les dynamiques et solidarités sociales locales (Diry, 1985), qui sont donc bien ancrées dans le territoire. De même, des filières de productions dites banales élaborent leur qualité grâce à une organisation de l’approvisionnement des IAA en fonction des spécificités des bassins de production régionaux. Marianne Le Bail (1997 ; 2001) décrit ainsi comment les minoteries préfèrent conserver leurs bassins d’approvisionnement français plutôt que d’importer du blé moins cher. En effet, la connaissance des différents terroirs de production français ainsi que la co-construction avec les producteurs d’une qualité adaptée à leurs besoins industriels est finalement plus viable qu’un approvisionnement moins cher mais de qualité incertaine. De manière opposée, les systèmes sous AOC, couramment assimilés à une qualité territorialisée, peuvent en fait être régis par des logiques proches du modèle de productivité. Daniel Ricard montre par exemple que pour les AOC fromagères, l’affirmation du lien au terroir ne suffit pas à obtenir une valorisation économique si le cahier des charges tolère une application trop « laxiste » de la qualité (Ricard, 1994). Philippe Perrier-Cornet et Bertil Sylvander (2000) pointent, en outre, l’hétérogénéité des modes de gouvernance des différentes filières AOC, certaines relevant selon eux davantage de logiques sectorielles que territoriales. Ainsi, ces travaux relativisent l’évidence des liens existants entre un produit, une qualité territorialisée et un territoire. Ils illustrent au contraire combien ils sont complexes et variables.

Par rapport à notre question initiale, nous retiendrons trois éléments concernant la valorisation des liens produit-espace par la notion de qualité territorialisée. D’abord, nous proposons de définir la qualité territorialisée d’un produit comme une qualité construite socialement, issue des liens entre une production et son espace. Ensuite, cette qualité territorialisée peut être issue de plusieurs types de liens entre produit et espace, comme l’histoire, les conditions pédoclimatiques, la culture, les dynamiques sociales, l’organisation de la filière, etc. Une pluralité de liens produit-espace peut donc conduire à différentes qualités territorialisées. Enfin, les liens entre un produit et un espace ne se réduisent pas aux cas « visibles » de produits affirmant une qualité territorialisée. Cela rejoint les réflexions menées en 1996 par un groupe de chercheurs interrogeant les liens entre la qualité d’un produit et son lieu de production. Ils avaient souligné l’importance de considérer la question des produits qui, justement, ne revendiquent pas d’ancrage territorial spécifique. Le «  champ de recherches particulièrement large parce qu’encore non exploré » (Delfosse, 1996) qui était pressenti alors n’a guerre été davantage défriché aujourd’hui. C’est le champ que nous proposons d’investir dans ce travail : rouvrir le questionnement concernant les formes de valorisation des liens entre une production et un espace dans un cas qui ne correspond pas à ce que l’on a l’habitude de dénommer « produits de terroir » , qui ne se situe pas dans un territoire particulièrement identifié. Il est donc nécessaire d’élargir le cadre théorique.

Le second corpus scientifique mobilisé est celui des travaux portant sur le développement local. L’approche élaborée par les géographes et les économistes de ce domaine fournit des outils opératoires pour reformuler notre question, à travers les notions de systèmes productifs, de ressources et de territoire.

Les théories du développement local se sont attachées à décrire des phénomènes socio-économiques, majoritairement industriels, qui montraient une résistance face à la crise économique des années 1970 et 1980 et aux délocalisations qui en ont découlées. Les travaux fondateurs portent sur les districts industriels italiens et expliquent leur maintien par leur capacité d’adaptation et de réactivité face aux évolutions du marché. Celle-ci est liée à deux caractéristiques principales du fonctionnement des districts : la coopération productive entre les firmes et une véritable osmose entre communauté et économie locales (Becattini, 1992). Ainsi, le contexte territorial, à travers la société, ses valeurs, ses savoirs, ses institutions et ses réseaux, apparaît explicatif de trajectoires originales de développement. Dès lors, le processus de développement local est exploré par les économistes22 et les géographes23, à l’échelle des ensembles industriels qu’ils appellent « systèmes productifs localisés ». Définis comme « un ensemble caractérisé par la proximité d’unités productives au sens large du terme (entreprises industrielles, de services, centres de recherche et de formation, interfaces, etc.) qui entretiennent entre elles des rapports d’intensité plus ou moins forte » (Courlet, 2002, p.31), ces systèmes permettent des stratégies de développement territorialisées construites sur trois grands principes : coopérations entre les entreprises ; flexibilité et économie d’agglomération permises par la concentration d’entreprises de petites tailles ; régulation par le marché et la réciprocité24. Plus généralement, ces travaux mettent en évidence les grands principes du développement économique local (Courlet, 2001) : chaque territoire dispose de ressources propres (naturelles, organisationnelles, savoirs, savoir-faires, etc.) qu’il s’agit pour les acteurs locaux de mobiliser collectivement afin de s’adapter aux évolutions constantes du contexte global (économique, réglementaire, sociétal). Nous retiendrons donc que chaque territoire, compris comme l’ensemble du système productif et de la communauté locale, peut élaborer son propre projet de développement, fondé sur les ressources dont il dispose localement.

Si la majorité de ces travaux porte sur le secteur industriel25, ce cadre théorique a été mobilisé en économie agricole pour analyser l’organisation des filières des produits AOC ou IGP (Delfosse et Letablier, 1995; Perrier-Cornet, 1990). Mais ici encore, rares sont les travaux qui abordent les productions génériques sous cet angle. La thèse de François Pernet, publiée en 1982, propose néanmoins une réflexion s’inscrivant dans le même cadre de pensée. Elle vise à caractériser et à comprendre les exploitations agricoles « différentes » du modèle productiviste, c’est-à-dire celles qui en sont exclues parce qu’incapables de suivre la modernisation ou celles qui ont la volonté de travailler autrement. Elle montre que si celles-ci sont éminemment diverses, leur fonctionnement relève toujours de trois grandes stratégies : économiser sur toutes les dépenses, valoriser toutes les ressources du milieu environnant, compléter par des revenus autres qu’agricoles. Les exploitations construisent leur viabilité économique en élaborant la combinaison productive la mieux adaptée pour viser l’autonomie en valorisant leur situation dans un lieu donné. Ainsi, le lien à l’espace local, mobilisé comme élément d’ajustement ou comme ressources naturelles et sociales à valoriser, est un facteur du maintien ou de l’adaptation des exploitations ne pouvant ou ne voulant plus suivre l’évolution du modèle dominant. Dans ce travail l’analyse est conduite à l’échelle de l’exploitation agricole considérée dans sa petite région agricole. Si la notion de territoire n’y est pas utilisée, c’est certainement parce qu’à cette date elle n’était encore que peu répandue. Néanmoins, l’auteur investit les liens entre l’exploitation, l’exploitant et la petite région agricole d’un sens très proche de celui que recouvre la notion de territoire : il y intègre les dimensions productives, sociales et symboliques, par exemple en évoquant comment le sentiment identitaire local est facteur de solidarités. Son questionnement ancre la recherche de nouvelles voies de développement dans la valorisation des liens existants entre l’exploitation et son territoire : "la recherche de l'autonomie, la valorisation du lieu, sont-ils les moyens de la viabilité d'agricultures différentes de celle que l'on a produite et dont on avait besoin ces vingt dernières années ?" (Pernet, 1982, p.120).

Ainsi, l’éclairage des travaux sur le développement local nous permet de réorienter la question posée dans le cas de l’arboriculture de la Moyenne Vallée du Rhône. Il ne s’agit pas de savoir comment on passe d’un modèle « de productivité » à un modèle « de qualité territorialisée » préconçu et non adapté à toutes les situations. Il s’agit en revanche d’interroger quelles sont les stratégies de valorisation possibles à partir des ressources locales. Et pour que ces valorisations permettent de résister à la délocalisation de la production, il s’agit de rechercher les ressources locales dans les liens existants entre le système productif arboricole et son espace.

A ce titre, le corpus théorique concernant les produits de qualité territorialisée nous est utile pour alimenter la grille de lecture des différents types de liens pouvant exister entre une production et un espace en offrant les notions capables de décrire les liens entre un produit, une qualité et un territoire. Néanmoins, notre questionnement ne se limite pas à la seule entrée « produit » qui est celle des travaux sur les produits de qualité territorialisée. L’approche choisie est de considérer l’arboriculture comme un système productif dans son ensemble, ce qui conduit à appréhender la pluralité des liens existants entre l’activité arboricole et l’espace ainsi que la pluralité des formes de valorisation qu’ils permettent.

L’objet de cette thèse est finalement d’analyser en quoi les liens entre l’arboriculture et son espace peuvent sous-tendre des modes de valorisation permettant de maintenir cette activité économiquement viable localement. Il s’agit donc d’identifier, d’une part, quels sont les liens entre le système productif et son espace qui peuvent constituer des ressources pour la production, et d’autre part, les conditions rendant possible la valorisation de ces ressources.

Notes
11.

Institut National de la Recherche Agronomique, département de Sciences pour l’Action et le Développement. Voir en particulier les travaux de François Casabianca, Christine de Sainte-Marie, Bertyl Sylvander.

12.

Centre National de la Recherche Scientifique. Ce sont principalement les travaux de Laurence Bérard et Philippe Marchenay.

13.

Claire Delfosse, Daniel Ricard, Jean-Claude Hinnewinkel, Sandrine Scheffer, Jean Pilleboue, Julien Frayssignes.

14.

Dominique Barjolles, Sophie Reviron, Eric Thévenot-Mottet

15.

Appellation d’Origine Contrôlée.

16.

Indication Géographique Protégée.

17.

En particulier par les travaux suivants : Delfosse et Letablier, 1995; Sainte-Marie, 2001; Scheffer, 2002.

18.

Nous retenons les articles suivants : Delfosse, 2000a; Delfosse, 2002; Linck, 2005; Manouvrier, 2004.

19.

Voire les articles : Allaire, 2002; Pecqueur, 2005; Pecqueur et al., 2003.

20.

L’Académie d’agriculture de France, dans sa séance du 21 mai 2000, propose une définition de « productivisme ». Cela concerne une agriculture qui a suivi le modèle d’industrialisation (modernisation, spécialisation, mono-production, intégration au complexe agroalimentaire), et dans laquelle l’exploitant a perdu toute maîtrise du système. Il est soumis aux injonctions de l’amont ou de l’aval de la filière. Et c’est une agriculture qui a, en outre, tendance à produire des excédents de production et causer des dommages environnementaux.

21.

Pour reprendre l’expression de Corentin Canevet (Canevet, 1992).

22.

Bernard Pecqueur (Pecqueur, 1989), Claude Courlet, André Rallet, Jean-Benoit Zimmerman notamment.

23.

(Benko et Lipietz, 2000)

24.

La réciprocité se définit comme un échange de services gratuits entre individus. Elle détermine entre les acteurs une relation qui possède une vie propre au-delà de la transaction purement commerciale, renvoyant aux notions de fidélité, de gratuité et d’identité des contractants (Courlet, 2001).

25.

Une thèse mené sur les stations de sport d’hiver montre également que l’analyse en terme de développement local est opératoire pour comprendre l’économie touristique. (Perret, 1994)