Question de recherche et hypothèse

Le postulat initial peut désormais être formulé ainsi : les liens existants entre le bassin de production arboricole et ses territoires peuvent être reconnus comme des ressources territoriales par les acteurs qui les mobilisent en différentes formes de valorisations territoriales.

Cela nous conduit à proposer la notion de « valorisation territoriale » d’une production agricole, que nous définissons comme l’obtention d’une valeur ajoutée ou d’une meilleure rémunération de la production due à la valorisation économique de caractéristiques liées à l’espace d’origine de cette production, appelées ressources territoriales.

De là découlent deux questions de recherche. D’abord, quelles ressources territoriales sont ou peuvent être mobilisées pour l’arboriculture de la Moyenne Vallée du Rhône ? Ensuite, comment et par qui ces ressources peuvent être valorisées, à quelles conditions, sous quelles formes de valorisation territoriale ?

A l’aune du processus de mise en ressource décrit par Leïla Kébir, nous pouvons formuler l’hypothèse centrale de cette recherche. De fait, puisque reconnaître et valoriser une ressource territoriale nouvelle nécessite une redéfinition des échelles et des pas de temps associés à celle-ci, l’émergence de nouvelles formes de valorisation territoriale risque d’entrer en tension avec le fonctionnement hérité du bassin de production. Plus précisément, partant du constat de l’hétérogénéité des territoires et des opérateurs constituant le bassin de production de la Moyenne Vallée du Rhône, nous faisons l’hypothèse que la mobilisation de ressources territoriales nouvelles risque de faire émerger des territorialités et des collectifs d’acteurs qui ne correspondent pas à l’échelle et à l’organisation du bassin de production préexistant. Des tensions, oppositions, ruptures ou complémentarités entre ces deux logiques dépendra le résultat de la valorisation territoriale observée.