Observation suivie et participante (2005-2009)

Un dispositif a été mis en place dès l’élaboration du projet de recherche à travers un partenariat avec les principales institutions professionnelles de la filière fruits, à l’échelle régionale. Ainsi, le Comité Stratégique Fruits Rhône-Alpes39, le bassin Rhône-Méditerranée (BRM), l’association Fruit Plus (portant sur le bassin de production Moyenne Vallée du Rhône), les deux principaux syndicats (FDSEA et Confédération Paysanne) et la Maison Familiale et Rurale d’Anneyron furent les partenaires « officiels » du projet et consultés régulièrement tout au long du déroulement du travail. Ils intervinrent tous lors d’une série d’entretiens exploratoires au début du travail (hiver 2005-2006). Par la suite, des échanges réguliers, sous formes d’entretiens directs ou téléphoniques, parfois informels, avec les animateurs ou représentants de ces institutions nous permirent de leur rendre compte de l’avancée de nos résultats et questionnements, et de rester informée de l’actualité « du terrain ». Au total, 19 entretiens approfondis et réunions ont été menés sur quatre ans auprès de ces six institutions. L’expertise de ces partenaires, leur très bonne connaissance de la filière et du terrain, les documents et informations confiés ont permis de préciser les hypothèses intermédiaires et d’alimenter notre questionnement tout au long du travail.

Parallèlement à ce dispositif partenarial formel, nous avons également adopté une observation participante à la « vie » du bassin de production entre 2006 et 2008 : participation aux récoltes d’abricots et de cerises, accompagnement de producteurs lors des livraisons des fruits à la coopérative et chez l’expéditeur, participation aux évènements tels qu’une dégustation de fruits organisée par les Jeunes Agriculteurs à Valence, fête de la poire de Moras-en-Valloire, conférences organisées par la MFR d’Anneyron, etc. De plus, des rencontres avec des acteurs locaux, non spécifiquement concernés par l’arboriculture mais fins connaisseurs du territoire, comme l’ethnologue Sylvette Berraud-Williams pour l’Ardèche40 ou le géographe Alain Coustaury41 pour la vallée du Rhône, ont permis d’élargir le point de vue de la seule entrée arboricole.

Enfin, il nous semble important de mentionner ici notre origine agricole drômoise. Notre ancrage dans ce milieu professionnel, aux portes de l’espace de la Moyenne Vallée du Rhône, nous en donne une connaissance préalable qui aura certainement pu influencer la formulation des hypothèses de recherche et la relation particulièrement étroite entretenue avec « le terrain ». Et cela explique surtout notre sensibilité face aux enjeux d’un tel travail, d’où découle notre attachement à la rigueur scientifique, afin de pouvoir être en mesure d’assumer pleinement la responsabilité de la signification qui pourra être donnée aux résultats.

Notes
39.

Tous ces organismes et leurs fonctions sont présentés dans le chapitre 1. Le glossaire récapitule les principales informations.

40.

Elle travaille et a publié plusieurs ouvrages sur les métiers et traditions ardéchoises : le mariage, les bouilleurs de cru, la cuisine paysanne, les moulinages, etc.

41.

Il a notamment réalisé son Diplôme d’Etudes de Spécialité sur les évolutions de l’arboriculture fruitière sur le piémont ardéchois, sous la direction de Jacques Béthemont, ayant donné lieu à un article dans ce qui s’appelait la Revue de Géographie de Lyon (Coustaury, 1966).