b) La polarisation par l’axe rhodanien

L’analyse statistique de chacun des quatre territoires administratifs produite par l’INSEE Rhône-Alpes montre qu’ils sont polarisés par l’axe rhodanien ainsi que par quelques centres urbains, notamment ceux d’Annonay et de Romans-sur-Isère situé dans la vallée de l’Isère. La démographie en est le premier révélateur (Figure 11). La population est en effet concentrée dans l’aire urbaine de la vallée du Rhône et de l’Isère, où elle augmente depuis 1990, contrairement aux parties les plus rurales des arrière-pays. Seul le territoire de la Drôme des Colline présente une évolution positive sur l’ensemble de son espace, fortement stimulée par sa double proximité avec les vallées du Rhône et de l’Isère (agglomération de Romans-sur-Isère).

Les liens existant entre les espaces ruraux, les espaces urbains et les centres de services sont le second révélateur de la polarisation exercée par l’axe rhodanien. Les cartes (Figure 12) soulignent l’attractivité des villes de la vallée (comme Roussillon, Saint-Vallier, Tournon-sur-Rhône, Valence, Loriol-sur-Rhône) qui s’exerce sur l’arrière pays des deux rives, drômoise et ardéchoise. L’analyse des déplacements des habitants révèle également l’importance des échanges entre territoires, et plus précisément entre espace rural et centres urbains91. En premier lieu, cela concerne les migrations journalières domicile-travail. Dans la Drôme des Collines 27% des actifs sortent du territoire quotidiennement pour rejoindre leur travail, dont la moitié prend la direction de l’aire urbaine de Valence, les autres allant vers Roussillon et Lyon. Les 14 300 personnes que cela représente croisent chaque jour 9 000 personnes qui arrivent de l’extérieur pour travailler sur le territoire, dont trois sur dix proviennent de l’aire de Valence, les autres venant notamment d’Annonay et de Saint-Marcellin. Sur la rive opposée, en Ardèche Verte, ce sont 23,8% des actifs qui travaillent en dehors du territoire, soit 7 258 personnes. Ils croisent quotidiennement 5 700 travailleurs entrant. Les communes du Nord sont tournées vers Roussillon, celles du Sud-Est vers Valence et Romans-sur-Isère, tandis que celles proches de Tournon-sur-Rhône ont également des échanges avec Tain-l’Hermitage. En second lieu, les habitants se déplacent pour accéder aux services et équipements. En effet, les espaces ruraux que sont l’ouest de l’Ardèche Verte et l’est de la Drôme des Collines ne disposent que de peu de services. Dans le Pays Ardèche Verte en 1998, 5,6% des habitants se trouvaient à plus de 5 km de distance des commerces et services de base contre 3,6% pour l’ensemble de l’espace rural de la région Rhône-Alpes.

Il apparaît donc que les quatre territoires de projet partagent en définitive le même centre. La vallée du Rhône et en particulier les agglomérations de Valence et de Romans-sur-Isère concentrent l’essentiel de la population, des services et des emplois de la Moyenne Vallée du Rhône. Nous ne sommes pas en présence, ici, de quatre territoires bien délimités, identifiés, homogènes ou bien construits par rapport à un centre qui serait à la fois démographique et géographique. Ces quatre territoires sont au contraire définis par rapport à un centre socio-économique qui est situé à leurs marges géographiques. Et c’est cette marge géographique qui fait office de frontière administrative entre eux. Si les territoires du CDRA Valence-Drôme-Ardèche-Centre (VALDAC) et du CDPRA Drôme des Collines dépassent les limites administratives départementales pour rassembler des communes des deux rives, ce n’est pas le cas des territoires du Pays Ardèche Verte et du CDRA Vallée de la Drôme-Diois. Les cartes montrent combien ces quatre territoires se partagent l’espace dynamique constitué par la vallée du Rhône, ce qui les rend interdépendants les uns par rapport aux autres. Ils sont parties prenantes d’une même entité socio-économique.

Figure 11: Nombre d’habitants en 1999 et évolution de la population entre 1990 et 1999 des quatre territoires de projets

Extrait de INSEE Rhône-Alpes, portrait du pays Ardèche Verte, mars 2004 ; portrait de la Drôme des Collines, mars 2008 ; portrait de Vallée de l’Eyrieux Grand Valentinois, décembre 2004 ; portrait de la Vallée de la Drôme/Diois, octobre 2006.
Sources : fond de carte IGN, recensement de la population 1999 et 1990 INSEE.

Figure 12: Espace urbain, espace rural et pôles de services des quatre territoires de projet

Extrait de INSEE Rhône-Alpes, portrait du Pays Ardèche Verte, mars 2004 ; portrait de la Drôme des Collines, mars 2008 ; portrait de Vallée de l’Eyrieux Grand Valentinois, décembre 2004 ; portrait de la Vallée de la Drôme/Diois, octobre 2006.
Sources : inventaire communal 1998 Scees, recensement de la population 1999 INSEE.

L’espace couvert par les vergers de la Moyenne Vallée du Rhône ne présente donc ni homogénéité géographique, ni identité territoriale propre, ni logique administrative unifiante. En revanche, une logique commune se lit des différentes analyses menées dans cette partie : le rôle de centre socio-économique et d’attractivité exercé par l’axe rhodanien sur l’ensemble de l’espace.

Notes
91.

Les données de cette partie sont issues des documents produits par l’INSEE-Rhône-Alpes, Portrait de la Drôme des Collines, mars 2008 et Portrait du Pays Ardèche Verte, mars 2004.