a) Prédominance des marchés d’expédition

Les opérateurs de première mise en marché de la Moyenne Vallée du Rhône vendent leurs fruits principalement sur le « marché d’expédition », soit à trois grandes catégories de clients (Tableau 9) : les centrales d’achat des GMS, les grossistes nationaux et les marchés exports94. L’Europe du Nord (Allemagne, Royaume-Uni, Suisse ou encore Belgique) constitue la destination d’exportation privilégiée pour les fruits d’été tandis que l’Italie est une destination intéressante pour les abricots ou fruits de contre saison. Les fruits ne sont en effet pas destinés aux marchés de consommation locaux ou régionaux. L’investigation menée sur le M.I.N. de Lyon pour le programme PSDR est à ce titre révélatrice de la déconnexion existante entre la production de la Moyenne Vallée du Rhône et cette importante place du marché régional (Chazoule, 2005). En effet, le M.I.N. de Lyon représente le second marché national de produits frais après Rungis95. Il accueille 40 grossistes de fruits et légumes et 130 000 t de fruits y sont vendues chaque année. Or, ces fruits proviennent pour 63% d’importation d’Europe, d’Afrique, d’Amérique du Nord et du Sud et d’Australie. Les 37% restant sont d’origine française, dont 15% viennent du Languedoc-Roussillon, 15% de la région PACA et 7% seulement de la région Rhône-Alpes. Ainsi, on peut affirmer que la plus grande partie des fruits mis en marché par les expéditeurs de la Moyenne Vallée du Rhône est en effet expédiée vers les grossistes, les centrales d’achats et les exportateurs dans toute la France et en Europe du Nord96. A quelques exceptions près, les différents types d’expéditeurs, privés ou coopératives, ne servent pas le marché de gros régional (ni le M.I.N., ni les grossistes régionaux). Ils expliquent cela par la nécessité de vendre leurs fruits hors de la zone de production, où ils se trouvent alors en concurrence directe avec les producteurs : « On travaille très peu sur Lyon ou sur Marseille, ou Avignon ou Saint-Étienne, on essaie d'aller un peu plus loin parce que la zone de production nous fait une concurrence ici. Et une concurrence à la baisse. Ils ne vendent pas très chers car ils n'ont pas d'intermédiaires, ils n'ont pas ou presque pas de frais, les frais de conditionnement sont assez faibles…Bon nous on est soumis aux charges des entreprises. »97.

Notes
94.

L’exportation peut avoir lieu soit directement depuis l’expéditeurs vers des acheteurs étrangers, soit via un courtier ou un grossiste spécialisé.

95.

Tant en termes de volumes échangés qu’en termes de chiffre d’affaires des opérateurs.

96.

D’après les enquêtes menées pour le programme PSDR II et nos enquêtes personnelles.

97.

Expéditeur privé, président de l’UEEFEL-RA, 2006.