b) Professionnalisation des métiers associés

La culture des arbres fruitiers requiert peu à peu des équipements spécialisés, tracteurs, motoculteurs, pulvérisateurs. L’arboriculture commerciale étant juste naissante en France, la plupart de ces outils sont à créer et des fabriques, parfois très novatrices, voient le jour dans la Moyenne Vallée du Rhône.

La monographie régionale du géographe Pierre Bozon sur l’Ardèche donne quelques chiffres montrant le haut niveau d’équipement des arboriculteurs de l’Eyrieux. Dès 1950, la plupart disposent d’un tracteur ou d’un motoculteur, ainsi que du matériel de pulvérisation d’engrais, alors que la taille des exploitations est encore très modeste : 80% d’entre elles étant comprise entre 2 et 5 ha (Bozon, 1961). La situation est comparable pour l’ensemble des exploitations fruitières.

Une usine de tracteurs est même créée à Saint-Rambert. Un mécanicien local, M. Sabatier met au point en 1929 un tracteur-outil de petite dimension spécialisé pour l’arboriculture et la viticulture, utilisant le mécanisme de relevage hydraulique (Rufin, 1961). La production s’élève à un tracteur par mois dans les années 1930, et passe à cinq à six tracteurs par semaine après guerre. Rapidement concurrencé par les tracteurs de la marque Renault, l’établissement ferme ses portes dans la décennie 1970123.

D’autres métiers associés se créent, comme une fabrique de cagettes en bois d’épicéa qui est ouverte à Saint-Laurent-du-Pape (Caritey, 2007). Ces cagettes sont utilisées pour l’expédition des pêches et autres fruits, parce que le bois d’épicéa a très peu d’odeur et n’altère pas leur parfum. Des établissements de transformation des fruits sont également mentionnés : une fabrique de pulpe d’abricot à Tain-l’Hermitage, de jus de fruits à Valence notamment (Rufin, 1961).

L’émergence de ces métiers liés à la production et aux fournitures forme ainsi un tissu productif local spécifique de la production fruitière. Ce développement entraîne avec lui l’économie et des modifications de la société locale.

Notes
123.

Entretien personnel avec la petite-fille de M. Sabatier, résidant à Anneyron.