1. Perte de compétitivité de la Moyenne Vallée du Rhône dans le marché européen

Le véritable basculement pour la filière fruit est symboliquement associé à l’année 1992, campagne pendant laquelle les difficultés du marché sont exacerbées par la grève des routiers. Depuis, les « mauvaises » campagnes se suivent, chacune ayant une explication conjoncturelle différente. Pour exemple, un technicien d’OP rencontré en mai 2006 retrace et analyse ainsi l’historique des dernières campagnes (Figure 17) :

Figure 17: Bilan des saisons de production par un technicien d'OP

Il conclut par un discours très souvent entendu lors des entretiens menés début 2006 : « Si 2006 est comme 2005, il y a la moitié des producteurs qui va arrêter par ici ». Cela témoigne du climat de crise et d’incertitude face à l’avenir.

Si les aléas conjoncturels expliquent en partie les mauvais résultats économiques, leur répétition et les années « sans explication », comme 2004 et 2005, montrent qu’il s’agit en réalité des conséquences d’une nouvelle situation structurelle pour la filière fruits française et non de simples crises de conjoncture. Les déterminants de celle-ci se mettent en place dès les années 1980, avec la croissance continue d’une production nationale standardisée, l’ouverture du marché commun et la concentration de la distribution. Leurs effets se font pleinement sentir dans les années 1990, période pendant laquelle la Moyenne Vallée du Rhône est par ailleurs touchée par une crise sanitaire sans précédent, la sharka.