3. Type 5 : vente directe dominante, expédition en complément

Le type « vente directe dominante, expédition en complément » regroupe cinq exploitations dont la vente directe aux consommateurs est la stratégie dominante, le reste des volumes de fruits étant écoulé par les circuits d’expédition.

a) Des exploitations petites à moyennes

Les exploitations de ce type (Tableau 27) sont situées dans les quatre sous espaces de la Moyenne Vallée du Rhône. Les producteurs présentent des parcours un peu moins linéaires que ceux des précédents. D’âges variés, s’ils sont tous enfants d’arboriculteurs ou épouse de fils d’arboriculteurs, deux d’entre eux se sont installés après avoir exercé une autre activité professionnelle non agricole, et sur les trois restant, un a suivi une formation supérieure non agricole (BTS commerce). Enfin, ils se sont installés relativement récemment, après 1987280.

Tableau 27: caractéristiques des exploitations du type 5
N°EA Pratique de commercialisation Localisation Surface verger Système de production Date d’instal-lation
1 Vente en magasin individuel + marché de prod. Sud Ardèche 3 ha Pêches/cerises 1987
6 Vente en magasin individuel + grossiste Sud Drôme 13 ha Pêches/abr/pommes/
poires/cerises/pts fruits + légumes + céréales
1990
10 Vente à la ferme + marchés festifs + transformation Sud Drôme 4 ha Pêches/abr/poires/cerise/pts fruits 1965
18 Marchés hebdo. + marché de prod. Nord Drôme 11 ha Poires/pêches/pommes/
cerises + céréales
1992
24 Vente à la ferme + marchés festifs + transformation Nord Ardèche 2,1 ha Pêches/abr/pommes/
poires/cerises/pts fruits + légumes
1998

Les structures des exploitations sont comparables. Les vergers sont de taille petite à moyenne (de 2,1 à 13 ha). Deux exploitations sont spécialisées en arboriculture, trois ont une orientation fruits dominante et maraîchage, dont deux cultivent également des céréales (avec 12 ha de maïs pour l’une et 3 ha de blé pour l’autre). Elles présentent un faible niveau de main d’œuvre totale, mobilisant entre 1 et 5,5 UTA281, et la main d’œuvre familiale occupe une place cruciale, de 1 à 3 UTA. Trois exploitations n’embauchent pas de salarié. Paradoxalement, les cinq exploitations ont un statut d’exploitation individuelle, et seulement un conjoint travaille à plein temps sur l’exploitation, tandis que dans trois cas ils exercent une activité salariée extérieure et dans le dernier cas le chef d’exploitation est célibataire. Pour autant, les conjoints, ainsi que les enfants et/ou les parents, jouent un rôle primordial sur l’exploitation lors des pics de travail, principalement au printemps et en été.

La stratégie de commercialisation dominante de ces exploitations est la vente directe aux consommateurs. Les formes de vente directe sont diverses, et chaque exploitation, tout en privilégiant une pratique, compose avec la gamme des possibles. Ainsi, deux exploitations situées au bord d’une route passante ont construit un petit magasin privé. Si la quasi-totalité de la production y est vendue, le surplus est écoulé soit par le marché de production de Pont-de-l’Isère, soit par un grossiste de Caen, spécialisé dans les fruits mûrs. La production au verger est conçue pour approvisionner les magasins durant toute la saison. Dans un cas, elle est spécialisée en pêches, ce qui suppose une gamme étendue de variétés, alors que dans l’autre, une large diversité de fruits et légumes est proposée : on dénombre 10 variétés d’abricots, 23 variétés de pêches, des poires, des pommes, des cerises, des prunes, des petits fruits, 20 variétés de tomates, des aubergines, poivrons, ail, oignons, échalotes, concombres, courges, courgettes et pommes de terre. Un même objectif de qualité est énoncé dans les deux cas : proposer des fruits mûrs, récoltés la veille de la vente. La transformation en jus et confitures (faite faire à façon) reste pour l’instant marginale dans le cas du magasin du Sud Drôme, mais est envisagée plus sérieusement à l’avenir, comme solution pour maintenir une offre toute l’année.

Les trois autres exploitations commercialisent principalement sur les marchés forains, soit sur des marchés hebdomadaires réguliers, soit sur des marchés festifs et foires occasionnelles. Certains travaillent sur les marges de la Moyenne Vallée du Rhône, sur le plateau ardéchois, sur le Vercors, le Diois, ou même jusqu’en Drôme Provençale. D’autres préfèrent aller chercher les marchés plus éloignés et mieux dotés des pays de Savoie. Dans tous les cas, la volonté d’apporter une offre à une population plus ou moins éloignée du bassin de production permet de s’extraire du climat local plus concurrentiel. Une petite partie des volumes est également vendue à la ferme, aux clients habitués des lieux, essentiellement des voisins et connaissances. Pour ces trois exploitations, la transformation constitue un mode de valorisation important. Faite à la ferme ou à façon, en jus, nectars, confitures et même fruits au sirop, elle offre le triple avantage de pouvoir valoriser les fruits peu présentables ou trop mûrs pour la vente, d’élargir la gamme de l’offre proposée ainsi que de la maintenir sur l’année. Ces produits transformés sont également vendus à des détaillants locaux. Pour donner une idée des quantités annuelles, la première exploitation produit 800 L de jus de pommes et 200 L de poire ; la seconde a produit 10 000 pots de confiture en 2005, soit 2,5 t. ; tandis que la dernière a produit 5000 L de jus de dix saveurs différentes, ainsi que des confitures, bocaux, compotes, conserves, etc. Une exploitation livre également des PVC situés en Auvergne, qui ne comptent pas de producteur de fruits dans leurs membres. Il leur apporte ainsi une gamme de fruits, et il n’est pas assujetti au tour d’astreinte dans le magasin282. Enfin, les volumes restant sont vendus en gros : à des expéditeurs locaux, sur le marché de production de Pont-de-l’Isère, sur le MIN de Lyon, ou encore, en dernière instance, à des industries locales. Les stratégies de production des trois exploitations visent la constitution d’une gamme variée (diversité d’espèces, de variétés, de produits transformés, en fruits et légumes), étalée dans la saison, et d’une qualité construite sur la maturité des fruits.

Notes
280.

A l’exception d’un cas, installé en 1965, les installations sont intervenues en 1987, 1990, 1992 et 1998, la moyenne de l’échantillon étant 1986.

281.

Contre une moyenne de 10,4 UTA sur l’ensemble de l’échantillon

282.

Le fonctionnement des points de vente collectifs (PVC) exige qu’un producteur adhérant assure un temps de permanence hebdomadaire dans le magasin, pour partager le travail de vente et pour garantir aux consommateurs qu’il y a toujours un producteur présent (en plus d’un éventuel salarié).