a) Une exploitation et deux grands types de débouchés

La SAU totale compte 16 ha, dont 8 ha de châtaigniers, 3,5 ha de cerisiers et 3,5 ha d’abricotiers de variété Bergeron. La production est en zone de montagne. Bien qu’équipée d’un système d’irrigation, elle ne donne pas des rendements aussi élevés qu’en vallée. Le rendement moyen des abricotiers est de 17t / ha, avec un maximum de 23t / ha atteint les meilleures années.

La main d’œuvre se répartit entre le travail à temps plein du chef d’exploitation, l’aide de son épouse et de ses parents (retraités) pendant la saison de récolte, et l’emploi annuel d’un salarié à tiers temps. Le chef d’exploitation et ce salarié assument les travaux de l’année. Des saisonniers, essentiellement des jeunes du canton, sont embauchés pour les récoltes : quinze personnes pendant trois semaines pour les cerises (entre mi-juin et début juillet) et dix personnes pendant deux semaines pour les abricots (fin juillet). Cela fait un total de 2,8 UTA, dont 1,3 UTA familiales et 1,5 UTA salariées.

L’exploitation est engagée dans une OP de type coopérative située dans la Vallée du Rhône pour la commercialisation des cerises et des abricots. Néanmoins, une partie de la production est commercialisée hors de celle-ci, à des grossistes et des détaillants locaux, qui achètent les fruits déjà triés, calibrés et conditionnés, à un prix supérieur à celui de la coopérative. Ce type de débouchés concerne une proportion variable des volumes produits, fonction de la récolte et du marché annuel.

Il n’y a pas de distinction de qualité entre les fruits livrés à la coopérative et ceux vendus en dehors. Le tri s’opère en fonction de l’organisation du chantier de récolte et des temps de livraison : la récolte du matin (de 7h à 12h en général) est apportée directement à la coopérative, tandis que la récolte du début d’après-midi est calibrée et conditionnée sur place avant d’être livrée en fin de journée ou le soir suivant. Les fruits sont alors stockés en chambre froide. Les écarts de tri sont vendus pour confitures ou autres aux gens du pays, rien n’est jeté. Ainsi, les abricots issus de la récolte sont divisés en deux lots de qualité identique (calibre, maturité), destinés à deux grands types de débouchés : la coopérative d’une part, et d’autre part, le second lot est ensuite réparti entre un ensemble de grossistes et détaillants.

Comparativement à l’apport à la coopérative, la vente aux grossistes et aux détaillants locaux permet l’obtention de prix plus intéressants. Elle nécessite cependant des charges et du travail supplémentaires, qui ne sont pas toujours comptabilisés par l’exploitant. L’objectif de ce bilan est alors d’analyser le plus précisément possible la différence de marge dégagée par chaque grand type de débouché. Il s’agit donc, dans un premier temps, de calculer les résultats dégagés par chaque type de débouché (prix, chiffre d’affaires). Dans un second temps, les charges imputables à chacun sont évaluées. Etant donné que les pratiques de production et de récolte sont identiques quelles que soient les voies de commercialisation choisies, nous portons la comparaison uniquement sur la différence de charges intervenant après la récolte. Le résultat finalement analysé est ainsi appelé la « marge partielle de mise en marché », qui correspond au produit moins les charges de mise en marché (Figure 30).

Détaillons à présent le fonctionnement de l’exploitation après la récolte, pour identifier ce que recouvrent les charges de mise en marché. Les abricots sont apportés du verger pour être triés et conditionnés dans le bâtiment d’exploitation. C’est un grand bâtiment couvert, pourvu d’un quai de chargement, comme on en trouve dans presque toutes les exploitations arboricoles de la Moyenne Vallée du Rhône. Le calibrage et le conditionnement sont réalisés à l’aide d’une calibreuse, achetée 2 300€ en 2001 spécifiquement pour la commercialisation hors de la coopérative. Cet outil permet de calibrer 800 kg d’abricots par heure en requérant le travail de quatre personnes. Les fruits sont conditionnés en plateaux de 5 kg (pour les calibres 2A et 3A) et de 9 kg (calibres A et moins) achetés par le producteur. Entre le jour de récolte et la livraison, les abricots sont conservés dans une petite chambre froide construite pour le stockage des châtaignes. Les livraisons aux détaillants et aux grossistes sont réalisées à l’aide d’un petit camion (type Renault Master), qui sert aussi pour la vente des châtaignes, des cerises, et parfois pour les livraisons à la coopérative (un camion plus important est loué si les volumes le nécessitent). Ainsi, nous identifions trois principaux postes de charges de mise en marché des abricots : le tri-calibrage, l’achat des plateaux de conditionnement, la livraison. Le schéma suivant présente la composition de la marge partielle de mise en marché (Figure 30).

Figure 30: Décomposition de la marge partielle de mise en marché