1. Le fonctionnement des marchés locaux de production

Il convient dans un premier temps de préciser le fonctionnement et les différents modes de gestion des marchés de production.

a) Le principe de la vente de gré à gré

Le principe de la vente de gré à gré est de mettre en présence, dans une unité de lieu et de temps, un ensemble de producteurs-vendeurs et d’acheteurs, expéditeurs, grossistes ou détaillants. La confrontation de l’offre et de la demande fixe ainsi les prix, qui évoluent et sont renégociés à chaque lot vendu (cela peut être au cours d’un même marché avec plusieurs acheteurs).

Chaque marché est organisé en deux espaces distincts, l’un consacré aux producteurs-vendeurs, et l’autre consacré aux acheteurs. Les deux catégories d’opérateurs entrent sur le marché et se garent sur des emplacements, dans leurs espaces respectifs, avant l’heure officielle d’ouverture du marché. Pour entrer, ils doivent s’acquitter d’un droit, payable à l’arrivée ou par le biais d’abonnement, dont le montant est fonction de la qualité de vendeur ou d’acheteur, et de la taille du véhicule (logiquement proportionnelle aux volumes de transaction effectuée sur le marché). Chaque marché met à disposition des usagers une balance leur permettant de peser leur marchandise, soit avant la vente, soit après selon les lots vendus. Le principe du marché reposant sur l’unité de lieu et de temps pour la réalisation des transactions, tout se joue très rapidement lors de l’ouverture. En effet, avant l’heure, les vendeurs et les acheteurs sont physiquement séparés et ne peuvent avoir d’échange entre eux, du moins en théorie. A l’époque des téléphones portables, une partie des ventes peut cependant être conclue avant. A l’heure précise, il y a ouverture de l’espace des producteurs, souvent indiquée par un coup de sifflet. Les acheteurs, alors à pied, se précipitent littéralement vers les vendeurs, qui exposent leur marchandise soit à l’intérieur de leur véhicule, soit devant (Photo 20, Photo 21). Les prix de chaque lot sont négociés entre le vendeur et l’acheteur, en fonction de la qualité, de la quantité, de la concurrence du jour. L’acheteur fait une proposition de prix qu’il écrit sur un carnet. Le vendeur accepte ou refuse. Une fois l’accord conclu, l’acheteur remet au vendeur le feuillet de son carnet mentionnant le prix, la quantité, et l’emplacement de son véhicule dans l’espace des acheteurs. Lorsque les transactions sont terminées, le vendeur se rend sur l’emplacement de l’acheteur et livre sa marchandise. Il ne s’écoule rarement plus d’une demi-heure entre le coup de sifflet et le chargement par les acheteurs.

La normalisation des lots vendus doit être respectée : les fruits sont triés, calibrés et étiquetés. Et le vendeur est tenu de fournir une facture à l’acheteur, mentionnant son nom, le volume de marchandise et le prix. Les services de la DGCCRF effectuent des contrôles plusieurs fois dans la saison, soit sur le marché même, soit sur les routes à la sortie. L’étiquetage normalisé des cagettes est au nom du vendeur366.

Photo 20: Producteurs vendeurs attendant les acheteurs
Photo 20: Producteurs vendeurs attendant les acheteurs

Cliché C. Praly, août 2007, Pont-de-l’Isère

Photo 21: Entrée des acheteurs dans la zone des producteurs
Photo 21: Entrée des acheteurs dans la zone des producteurs

Cliché C. Praly, août 2007, Pont-de-l’Isère

Notes
366.

Au contraire, lorsque des producteurs vont livrer leurs produits directement chez des grossistes qui redistribuent sur les marchés de gros urbains, les étiquettes sont mises au nom du grossiste, car celui-ci ne veut pas se faire « doubler » et risquer que ses clients contactent directement le producteur.