c) Le marché de Pont-de-l’Isère, une gestion municipale volontariste

Créé en 1947, le marché de Pont-de-l’Isère a toujours été géré par la commune. Le conseil municipal en fixe les tarifs et les employés font partie du personnel municipal. Un investissement d’1,2 millions d’euros a été réalisé en 1999/2000 afin d’en moderniser l’infrastructure : construction d’un nouveau bâtiment (bâtiment technique, sanitaires et buvette), renouvellement des bascules, goudronnage de toute la surface et délimitation de 750 emplacements, création des voies de circulation, et équipement d’entrées automatisées (grâce auxquelles la fréquentation est désormais enregistrée)369.

Le marché fonctionne toute l’année, quotidiennement l’été (de mi-juin à mi-septembre, sauf le dimanche), et 3 fois par semaine le reste de l’année (lundi, mardi et vendredi). En 2007, on comptait environ 500 producteurs-vendeurs et 150 acheteurs abonnés. Mais un jour de pleine saison comme celui de notre enquête, 200-250 acheteurs et 600 producteurs-vendeurs peuvent venir.

Le marché, qui occupe une superficie de 4,7 ha, est entièrement circonscrit par une clôture. Les espaces vendeurs et acheteurs ont des entrées distinctes et sont séparés par des grilles. Néanmoins, les vendeurs et les acheteurs peuvent échanger, avant 17h, à travers celles-ci. L’espace vendeurs est lui-même divisé en cinq zones, matérialisées au sol par des couleurs différentes (Tableau 35). Le coup de sifflet est donné à 17h (entrée des acheteurs dans la zone vendeurs), puis à 17h 30 les vendeurs peuvent entrer livrer dans la zone acheteurs.

Tableau 35: Différentes zones de vendeurs du marché de Pont de l'Isère

Les tarifs dépendent de la qualité de l’usager (vendeur/acheteur), de leur adhésion à un abonnement, et enfin de la taille du véhicule :

Les places sont numérotées. Les usagers abonnés peuvent réserver leur place, et ont le même numéro toute l’année. Le prix de la réservation s’élève à 53€/an.

Le marché souffre encore d’une mauvaise réputation (mauvaise qualité des produits, transactions au noir, diminution de son activité) qui tend à éloigner de nombreux professionnels. Des efforts de réglementation et de contrôle ont été entrepris par la municipalité pour inverser cette tendance. Un nouveau règlement a été rédigé en 2003, contraignant davantage les conditions d’accès au marché : inscription à la MSA pour les producteurs vendeurs et présentation d’un titre professionnel pour les acheteurs et revendeurs. Les conditions de transaction ont également été précisées, à savoir l’établissement d’une facture par le vendeur, que l’acheteur est tenu de réclamer, celle-ci devant obligatoirement indiquer : le nom du vendeur, le nom de l’acheteur, la date de transaction, la nature précise de la marchandise (espèce, variété) et le prix. En outre, depuis 2005, le nombre de contrôles des vendeurs réalisés par le policier municipal a été augmenté. L’objectif est de réserver ce marché exclusivement aux vendeurs professionnels, en éliminant les « particuliers »370 qui amènent des fruits non normalisés et qui ne tiennent pas les prix. Les contrôles portent sur le numéro d’immatriculation à la MSA, ceux qui n’en ont pas ne peuvent pas entrer sur le marché. Mais ce critère de sélection reste insuffisant, étant donné que les retraités, les propriétaires de terrains peuvent avoir une immatriculation. En outre, chaque MSA départementale fonctionne sur des critères propres, c’est le cas pour la Drôme et l’Ardèche qui ne sont pas homogénéisés. Dans cette même optique, le policier encourage la DGCCRF à venir contrôler le respect de la normalisation (surtout la qualité des produits) et la facturation. Selon lui, il y a une vraie demande de la part des professionnels sérieux (autant de la part des producteurs vendeurs que des acheteurs réguliers) d’écarter la concurrence exercée par les particuliers, et de maintenir le caractère professionnel de ce marché. Ces efforts de contrôles ont contribué à limiter la fréquentation de particuliers vendeurs (cf. chiffres paragraphe suivant).

A 17h le 26 juillet 2007, étaient présents plusieurs centaines de vendeurs et d’acheteurs. Les producteurs-vendeurs sont d’âge moyen, entre 40 et 60 ans environ, mais peu de jeunes sont présents, ou alors en tant qu’accompagnant. Une très grande variété de fruits et légumes est proposée. Ils sont souvent sortis des véhicules, étalés, exposés aux acheteurs. Les volumes à vendre sont plus importants qu’à Chanas, en témoigne une plus forte proportion de véhicules utilitaires, fourgons, et même des petits camions (Photo 22, Photo 23). Certaines exploitations viennent vendre ici des palettes entières. La taille du lot moyen peut être estimée à 400 kg. Ainsi, le jour de l’enquête, environ 240 000 kg de fruits ont transité sur le marché (400 kg * 600 vendeurs).

La fréquentation, l’investissement réalisé par la municipalité montrent que le marché de Pont-de-l’Isère n’a rien d’anecdotique. S’il s’est maintenu dans un contexte de concentration des opérateurs d’expédition, c’est parce qu’il s’est modifié, devenant un lieu d’approvisionnement pour le marché de détail régional.

Photo 22: Véhicules des vendeurs à Pont-de-l'Isère
Photo 22: Véhicules des vendeurs à Pont-de-l'Isère

Cliché C. Praly, août 2007, Pont-de-l’Isère

Photo 23: Véhicules des vendeurs à Pont-de-l'Isère (2)
Photo 23: Véhicules des vendeurs à Pont-de-l'Isère (2)

Cliché C. Praly, août 2007, Pont-de-l’Isère

Notes
369.

Source : entretien personnel avec Me. M.-C. Lambert, première adjointe à la mairie de Pont-de-l’Isère, responsable des finances, présidente de la commission du Marché Aux Fruits.

370.

Personnes propriétaires de quelques arbres fruitiers qui viennent vendre occasionnellement, retraités, etc.