a) L’attractivité pour les particuliers… un problème actuel

En 2003, jusqu’à 200 personnes pouvaient se présenter les vendredis soirs (Villard et al., 2003). Le vendredi précédent notre visite, en juillet 2007, 600 voitures ont été recensées, ce qui peut représenter près d’un millier de personnes compte tenu que beaucoup viennent à plusieurs. Dès 16h30, avant même l’ouverture aux professionnels, certains particuliers attendent déjà, profitant des places ombragées, pour être les premiers servis à 18h (Photo 25). Ces acheteurs sont majoritairement des habitants du triangle Valence, Romans, Tain-l’Hermitage. Ils viennent pour acheter directement aux producteurs, ce qui est synonyme pour eux de qualité (fraîcheur, maturité) et de chaîne d’intermédiaires raccourcie, donc de prix modérés381. Deux types d’achat peuvent être faits par les particuliers sur le marché de Pont-de-l’Isère. Dans un cas, le marché est la source principale d’achat de fruits et légumes, été comme hiver. Les consommateurs recherchent alors la diversité de la marchandise, des prix modérés, la proximité et la praticité (habitants proches), la convivialité. Ils s’adressent souvent à des fournisseurs habituels, de confiance. Dans l’autre cas, l’achat est occasionnel, à la recherche de gros volumes à des prix moindre pour préparer des confitures, des conserves ou autres qui seront conservés ou congelés pour l’année. Ces clients là peuvent venir de loin pour trouver cette offre spécifique.

Aujourd’hui, cette forte fréquentation de particuliers pose plusieurs problèmes pour le marché de Pont-de-l’Isère. D’abord en termes d’infrastructure : le périmètre du marché n’est pas aménagé pour accueillir 600 voitures. La mairie a dû mettre à disposition un près (terrain vague) et des employés municipaux pour orienter et guider ce flux, sans quoi le village serait rapidement saturé. Ensuite, en réponse à cette demande de particuliers, s’est développé un véritable marché de détail à l’intérieur même de l’enceinte du marché de production par des vendeurs qui viennent uniquement pour les particuliers. Ils s’installent désormais dans une allée spécifique et attendent 18h (Photo 26). Les prix sont affichés, il n’y a pas de négociation comme dans la vente de gré à gré. Le problème est que ce marché de détail parallèle interfère trop avec le reste du marché de production. D’une part, les vendeurs ne sont pas tous des producteurs professionnels, il y a beaucoup de retraités, et certains font de la revente (après avoir acheté sur le marché de production). Tous types de produits sont proposés, non seulement des fruits, des légumes, mais également d’autres produits locaux : fromages, miel, etc. D’autre part, ce fonctionnement est dérangeant pour les professionnels usagers du marché. Les prix affichés sont déconnectés des cours du gros. En outre, pour les acheteurs, surtout les détaillants, ce marché de détail constitue une concurrence déloyale pour leurs propres commerces.

Face à ces constats, la municipalité envisage un moyen de réguler ce marché à l’avenir. Certaines idées sont évoquées, comme faire payer l’entrée 1€ par véhicule particulier, ce qui supposerait de nouvelles installations pour contrôler cette entrée, ou même éventuellement fermer complètement l’entrée aux particuliers. Cette dernière option semble néanmoins bien improbable compte tenu de la perte d’entrées de producteurs-vendeurs que cela engendrerait. Suite aux investissements de 1999/2000, la municipalité ne peut guère se priver de ce revenu. Alors pourquoi ne pas envisager la demande des particuliers comme une opportunité à développer ?

Photo 25: Les acheteurs particuliers attendent l'ouverture
Photo 25: Les acheteurs particuliers attendent l'ouverture

Cliché C. Praly, août 2007, Pont-de-l’Isère

Photo 26: Allée des vendeurs destinée aux acheteurs particuliers
Photo 26: Allée des vendeurs destinée aux acheteurs particuliers

Cliché C. Praly, août 2007, Pont-de-l’Isère

Notes
381.

On retrouve les mêmes motivations que pour les consommateurs qui achètent aux producteurs, soit à la ferme, soit sur les marchés ou sur les stands des bords de route.