1. La demande régionale pour les fruits de circuits courts

a) Estimation des achats de fruits sur les circuits courts et sur les marchés

Il est relativement aisé d’évaluer le potentiel de consommation totale de fruits, tous circuits de distribution confondus. En effet, la Drôme comptant 176 000 ménages et l’Ardèche 116 000387, les achats de fruits en Moyenne Vallée du Rhône peuvent être estimés à environ 22 200t par an388. Selon les mêmes calculs, l’aire urbaine de Lyon représente un potentiel d’achats annuels de 42 484t de fruits, et l’ensemble de la Région Rhône-Alpes en achèterait 172 748t chaque année. Ces chiffres concernent toutes les espèces de fruits. La production de la Moyenne Vallée du Rhône ne peut certes pas fournir les fruits exotiques et les agrumes, mais sa grande diversité de production lui donne néanmoins l’avantage de pouvoir couvrir le reste de la gamme.

Toujours selon les statistiques nationales, la grande majorité des fruits et légumes français sont commercialisés via les circuits longs, les circuits courts ne représentant que 7,8% des volumes mis en marché et 7% des volumes achetés par les consommateurs (Hutin, 2007). Selon ces proportions, l’achat annuel de fruits sur les circuits courts représenterait 1540t en Moyenne Vallée du Rhône et 12 092t en Rhône-Alpes.

Figure 47: Les circuits courts dans la distribution des fruits et légumes en France

Mais il y a des variations selon les régions, et les Rhônalpins achètent davantage sur les circuits courts que la moyenne nationale. Nous ne disposons pas de chiffres sur les moyennes d’achat par région, en revanche des données existent quant aux achats sur les marchés. Si en moyenne 17% des achats en valeur et en volume ont lieu sur les marchés, les consommateurs d’Ile de France et du Sud de la France sont ceux qui y achètent le plus389. On peut ainsi estimer les achats de fruits sur les marchés à 4 730 t. pour la Moyenne Vallée du Rhône et à 37 140 t. pour Rhône-Alpes. La région Rhône-Alpes compte à elle seule 3 516 marchés par mois (Ctifl, 2006). Et ces lieux de vente, qui jouissent d’une réputation positive auprès des consommateurs390 ont actuellement le vent en poupe. Ils bénéficient d’un regain d’intérêt depuis quelques années, de la part de nombreux partenaires qui participent à leur soutien : municipalités, chambres de commerce, syndicats de commerçants.

Il reste cependant difficile d’estimer la part des fruits locaux vendus sur les marchés. Si quelques producteurs viennent vendre directement, la plupart des maraîchers présents sont des professionnels qui s’approvisionnent eux-mêmes sur les marchés de production ou chez les grossistes. En outre, pour indicatifs qu’ils soient sur les pratiques régionales d’achat, les marchés ne sont pas les seuls circuits où l’on peut acheter des fruits locaux.

Tableau 36: Estimation des volumes de fruits achetés par circuits de distribution
Estimation en volumes annuels Moyenne Vallée du Rhône Rhône-Alpes
Consommation totale de fruits 22 000 t. 172 748 t.
Consommation de fruits achetés sur les circuits courts (7%) 1 540 t. 12 092 t.
Consommation de fruits achetés sur les marchés (21,5%) 4 730 t. 37 141 t.

Il est donc difficile d’évaluer précisément le potentiel d’achat de fruits locaux dans les circuits de proximité pour la Moyenne Vallée du Rhône et la Région Rhône-Alpes. L’importance des achats sur les marchés permet néanmoins de faire l’hypothèse que ce potentiel est supérieur aux chiffres issus des moyennes nationales (Tableau 36). Il s’agit maintenant de comprendre ce que recherchent les consommateurs régionaux sur ces circuits de distribution.

Notes
387.

Source INSEE, recensement 1999.

388.

Considérant que les ménages français achètent annuellement 76 kg de fruits, source : TNS World Panel, moyenne réalisée sur la période 2002-2006.

389.

En Région Parisienne, les achats sur les marchés représentent 27% des parts de marché contre 65,3% pour les GMS, dans le Sud-Est, les chiffres sont de 21,5% contre 68,6%, alors que dans l’Est, ils sont de 5,2% contre 85,8% (Cavard et Baros, 2005).

390.

De nombreuses études le montrent, voir notamment : Cavard et Baros, 2005; Cavard et Moreau-Rio, 2002; Vernin et Baros, 2007.