a) Dynamique sociodémographique favorable à la consommation de fruits en circuits courts

Deux caractéristiques socio-démographiques de la Moyenne Vallée du Rhône sont particulièrement favorables à la consommation de fruits en circuits courts : la dynamique d’urbanisation et l’importance des migrations quotidiennes en voiture.

La dynamique d’urbanisation décrite dans la Moyenne Vallée du Rhône se fait à la faveur d’une population que l’on peut estimer comme consommatrice de fruits. En effet, on a décrit dans le chapitre premier l’arrivée de trentenaires, de familles de catégories socioprofessionnelles supérieures dans la vallée du Rhône et la Drôme des Collines. En outre, la population globale de la Moyenne Vallée du Rhône est constituée pour plus d’un tiers par des retraités, et la proportion de ménages d’agriculteurs est relativement élevée394. Ainsi, Le renforcement par les flux migratoires d’une population familiale, composée d’actifs à niveau de vie moyen, ainsi que la présence importante de retraités et personnes proches du milieu agricole constitue donc un facteur favorable à la consommation des fruits. En effet, l’âge est le premier des facteurs sociodémographiques influant la consommation des fruits et légumes. Plus l’âge augmente, plus la consommation croît en quantité et en diversité, au moins jusqu’à 60-65 ans. En outre, les personnes mariées ou vivant en couple ont une consommation de fruits et légumes supérieure, de même que celles disposant de temps pour les cuisiner (Amiot-Carlin et al., 2007). Cette population particulièrement consommatrice de fruits est amenée à se déplacer beaucoup, ce qui peut être favorable à l’achat de fruits sur les circuits courts.

Par ailleurs, à cause du relief, de la concentration des activités économiques dans les aires urbaines de la vallée, de l’éloignement des arrière-pays vis-à-vis des services, la grande majorité des habitants de la Moyenne Vallée du Rhône a à se déplacer quotidiennement et en voiture (cf. chapitre 1). Ces migrations souvent individuelles, traversant le cœur du bassin de production, permettent facilement aux habitants de s’arrêter sur les lieux de vente de fruits comme les stands de vente directe, les détaillants et les ventes à la ferme, situés près des axes. Le fait d’être en voiture permet d’acheter les fruits en plateau, difficiles à porter autrement. En outre, il faut mentionner également les migrations saisonnières des touristes qui passent par la moyenne vallée du Rhône pour rejoindre les lieux de vacances estivales. Ils constituent également une population susceptible de s’arrêter en route pour acheter des fruits frais.

Ainsi, la densité des infrastructures de transport, ainsi que les caractéristiques sociodémographiques de la population traversant régulièrement la moyenne vallée du Rhône constituent une caractéristique favorable au développement de la consommation de fruits sur les circuits de proximité. Non seulement les catégories de population les plus consommatrices de fruits sont présentes en proportions élevées et/ou en augmentation, mais en plus les habitants se déplacent très fréquemment en voiture, ce qui est favorable à l’accès aux circuits courts. Par ailleurs, les études sur la consommation des fruits et légumes montrent généralement la corrélation positive entre niveau d’éducation, niveau de revenu et consommation, excepté dans les pays producteurs où même les personnes à revenu faible consomment beaucoup de fruits (cas de la Grèce, l’Espagne, le Portugal, la Pologne et la Hongrie) (Amiot-Carlin et al., 2007). Ce constat souligne l’influence de la culture locale, qui peut imprégner les populations des espaces de production. Cela est également le cas en Moyenne Vallée du Rhône.

Notes
394.

Elle représente 2,9% en Drôme des Collines et 2,1% en Ardèche Verte ce qui est plus important que la moyenne régionale (1,3%) et proche de l’espace de référence pour les territoires ruraux (2,4% comprenant Rhône-Alpes moins les 11 aires urbaines). Elle représente 1,5% sur le territoire Vallée de l’Eyrieux-Grand valentinois, ce qui est supérieur à la moyenne de l’espace de référence (0,6% sur les 11 aires urbaines de Rhône-Alpes). Source : INSEE Rhône-Alpes, portraits de territoires.