2. Pour les plus avertis : difficulté de passer de la logique « guichet » à la logique « projet »

L’analyse approfondie des réponses des arboriculteurs montre que si les responsables professionnels sont capables d’évoquer les constructions territoriales en cours, comme les CDRA, ces projets leur apparaissent davantage comme un guichet supplémentaire. Cette représentation peut être à rapprocher du fonctionnement historique des organisations agricoles, habituées à une relation de type « guichet » avec les pouvoirs publics pourvoyeurs de financements (Purseigle, 2004). C’est particulièrement le cas en Moyenne Vallée du Rhône, où les arboriculteurs étaient et sont toujours bien investis dans les organisations professionnelles et les syndicats généralistes et spécialisés. Ainsi, longtemps les responsables professionnels arboricoles ont entretenu des relations avec les pouvoirs publics nationaux de type « guichet » : « Parce que quand je parle avec des arbos, et que je leur dis il faut qu’on bosse avec le Conseil Général, il y en a qui disaient « mais qu’est-ce qu’il nous raconte là ? ». […] Parce que a priori c’est pas les interlocuteurs classiques. Les interlocuteurs classiques de l’arbo de la vallée du Rhône c’étaient : il y a un problème, ok on va au ministère demander si il y a pas une enveloppe, il y a pas d’enveloppe, ok on va secouer un peu, secouer deux-trois députés, faire une manif… Mais ça, ça ne marche plus ça » 435 .

Si de plus en plus de responsables agricoles mesurent l’importance de travailler avec les collectivités territoriales, il n’en reste pas moins que les modalités de mise en œuvre concrète de projets territoriaux restent difficiles à appréhender pour eux.

Notes
435.

Arboriculteur, responsable syndical 26, enquête mai 2006.