1.2.4. Synthèse et réflexions

En effet, on peut penser que le lecteur ne supprimerait pas instantanément les incohérences dans la mesure où le traitement des éléments suivants dans le texte est susceptible de lui apporter des éléments d’explication à l’inadéquation observée. Dans le cas où la suite du texte fournit une information qui permet la résolution de la contradiction (ou de l’incohérence), l’information inhibée serait alors réactivée et par conséquent, représentée en mémoire à l’issue du processus de compréhension. Par contre, si la contradiction ou l’incohérence est renforcée, cela devrait engendrer l’intervention d’un mécanisme de suppression aboutissant à l’élimination de l’information initialement inhibée.

Dans notre recherche, nous allons tenter de montrer que lorsque deux informations sont présentées au lecteur mais que seule une information est détaillée, l’autre information va être mise en arrière-plan. Cette mise en arrière plan pourrait conduire à la suppression de cette information si l’information n’est pas redonnée dans le texte. Si au contraire, l’information est redonnée au lecteur dans le texte il devrait réactiver ce qu’il a mis en arrière plan de la représentation mentale en construction, mettant en évidence une simple inhibition de l’information.

Les théories de Kintsch (1988) et de Gernsbacher (1990) nous incitent à percevoir les processus d’inhibition et de suppression comme fonctionnant de manière distincte chez le lecteur (automatique et récupération probable vs. stratégique et perte en mémoire de l’information). S’il s’agit d’un processus d’inhibition automatique, cela revient à dire que les significations incohérentes sont mises en retrait de la représentation mais sont toujours disponibles dans la structure mentale.Si c’est un mécanisme de suppression qui intervient, une possibilité est que les sens non pertinents sont éliminés de la représentation, sans pouvoir être récupérés. Les deux auteurs ne précisent cependant pas dans leur théorie les conséquences de ces processus sur la représentation mentale quant à une possible réactivation ou non des informations.