1.3.1.4. L’actualisation du modèle d’indexage d’événements

La pertinence du modèle théorique d’indexage d’événements qui a pour vocation de rendre compte de l’aspect multidimensionnel de la représentation est donc renforcée par plusieurs travaux qui vérifient et confirment la validité de ses principes. Comme nous l’avons déjà mentionné, Zwaan et Radvansky (1998) se sont attachés à développer l’adéquation de ce modèle théorique au processus de compréhension en distinguant trois types de modèle (i.e., modèle courant, intégré, complet).

Récemment, Radvansky et Zwaan (1998) ont développé une version plus sophistiquée du modèle d’indexage d’événements dans laquelle ils effectuent une distinction entre le cadre situationnel, les relations situationnelles et le contenu situationnel. Précisément, le cadre situationnel est conçu comme un cadre spatio-temporel dont l’établissement est obligatoire durant la construction d’un modèle de situation. Les relations situationnelles, quant à elles, renvoient aux cinq dimensions situationnelles citées dans le précédent modèle d’indexage d’événements (Zwaan, Langston & Graesser, 1995). Le contenu situationnel inclut des informations sur les entités (personnes, objets) et leurs propriétés. Les entités sont représentées par des éléments dans le modèle auxquels sont associés leurs propriétés (i.e., apparence physique, état, intention, but, emotion). Les entités, leurs propriétés et leurs relations ne sont inclues dans le modèle de situation que lorsqu’elles sont centrales à la compréhension de la situation. Cependant, l’entité centrale de la situation (i.e., le personnage) est une partie obligatoire de la représentation. Aussi, pour que le modèle ne soit pas trop complexe, chaque élément contient un pointeur qui réfère à des informations générales sur le personnage qui peuvent être utilisées quand cela est nécessaire. Ceci renvoie donc à une notion de représentation généralisée qui stocke les caractéristiques stables qui peuvent être récupérées et stockées si nécessaire avec l’élément dans le modèle de situation.

Pour approfondir cette première distinction, les auteurs proposent de différencier le cadre spatio-temporel des relations spatio-temporelles. L’information concernant le cadre spatial établit le lieu dans lequel la situation prend place (i.e., un parc) alors que l’information concernant les relations spatiales dénote les interrelations entre les entités dans ce lieu. De façon similaire, les informations concernant le cadre temporel établissent « l’espace temps » de la situation, alors que l’information concernant les relations temporelles spécifie la séquence temporelle des événements de la situation. Radvansky et Zwaan (1998) soulignent également que l’information sur le cadre est nécessaire alors que l’information sur les relations est optionnelle, spécifiquement si elle n’est pas mentionnée. Cette dernière hypothèse est notamment compatible avec les travaux qui ont montré que les lecteurs ne calculent pas spontanément les relations entre les entités dans une situation. Toutefois, les auteurs s’accordent à dire que le rôle des relations dans le modèle de situation doit être considéré comme important dans la mesure où les relations sont nécessaires à la compréhension de la situation car elles sont inférées lorsqu’elles ne sont pas mentionnées et sont rappelées plus tard. Une distinction spécifique est notamment proposée entre relations fonctionnelles et non fonctionnelles (Carlson-Radvansky, Radvansky, 1996; Garrod & Sanford, 1989). Les relations fonctionnelles décrivent les interrelations entre deux entités de la situation ou plus et sont donc considérées comme étant les plus importantes dans le modèle de situation. A l’opposé, les relations non fonctionnelles décrivent les interrelations entre les entités de la situation mais sans fournir d’informations sur la manière dont les entités interagissent.