1.4.3.3. Le calepin visuo-spatial

Ce deuxième système auxiliaire stocke, maintient à court terme l’information visuo-spatiale et est impliqué dans la génération et la manipulation des images mentales. Toutefois, cette composante est peu étudiée ; elle est donc moins bien comprise que la boucle phonologique. Baddeley et Hitch (1974) supposent que le calepin visuo-spatial a une structure identique à celle de la boucle, avec deux composantes : un registre passif de stockage, équivalent au stock phonologique ; et un processus de rafraîchissement des informations. Ce système adjoint s’articule en deux sous registres visuel et spatial distincts. La sous-composante visuelle serait conçue comme un stock visuel à court terme dans lequel l’information visuelle décline rapidement et serait sensible à l’interférence. La sous-composante spatiale serait impliquée dans la planification de déplacements dans l’espace et sous-tendrait un processus de récapitulation du contenu du stock visuel et des images mentales, processus analogue au mécanisme de récapitulation articulatoire.

Les études menées sur la fonction de cet élément de stockage temporaire de l’information spatiale et visuelle sont beaucoup moins nombreuses que celles réalisées sur le rôle de la boucle phonologique. À première vue, ce sous-système n’est pas supposé mis en jeu dans la compréhension de textes. Gathercole et Pickering (2000) abordent ce domaine en tentant d’établir un profil de corrélation entre différentes épreuves relevant des composantes de la mémoire de travail et certaines performances cognitives. Leur travail porte sur des enfants de six et sept ans. Leurs conclusions montrent qu’il existe des corrélations entre les processus impliqués dans l’administrateur central et la boucle phonologique, et que ces corrélations permettent une bonne compréhension. Par contre, il semblerait qu’aucune corrélation avec les processus impliqués dans le calepin visuo-spatial ne puisse aboutir à une bonne compréhension. Toutefois, trois auteurs ont étudié la question de son intervention. En effet, il est envisageable que la lecture d’un texte fasse intervenir le maintien ou la manipulation d’informations visuo-spatiales à l’une des étapes du traitement. Dans une étude sur la compréhension de textes accompagnés ou non d’illustrations, Kruley, Sciama et Glenberg (1994) testent l’hypothèse selon laquelle le modèle de situation est représenté et manipulé dans le calepin visuo-spatial de la mémoire de travail. Ces auteurs expliquent que les lecteurs construisent une représentation qui intègre les informations venant du texte, et ils suggèrent que cette intégration est réalisée dans le calepin visuo-spatial de la mémoire de travail. Les résultats révèlent que le modèle de situation est temporairement représenté et manipulé dans le calepin visuo-spatial.