2.2. Expérience 1

2.2.1. Hypothèses

Cette première expérience a pour objectif de rendre compte de la mise en place des processus de suppression et de réactivation d’informations mises en arrière-plan lors de la lecture, en fonction de la cohérence spatiale d’un texte et de la capacité visuo-spatiale des sujets ainsi que de leur capacité à produire une image mentale du texte.

Nous cherchons à mettre en évidence que des informations lues dans un texte peuvent être mises en arrière-plan de la représentation mentale en cours de construction si le sujet focalise son attention sur d’autres informations. Plus spécifiquement, si les informations mises en retrait ne sont plus présentes en mémoire de travail, nous faisons l’hypothèse qu’elles sont encore disponibles pour le lecteur et qu’elles peuvent être réactivées en fonction de ses buts. Si, par contre, elles ne sont pas utiles pour la cohérence de la représentation, elles pourront être définitivement supprimées.

H1 : En se basant sur les travaux de Kintsch (1988, 1992, 1998), de Gernsbacher (1990), et de Zwann, Langston et Graesser (1995), ainsi que sur les résultats obtenus par Morrow, Greenspan et Bower (1987) relatifs aux informations spatiales d’un texte, nous faisons l’hypothèse que pendant la lecture d’un texte le lecteur focalise son attention sur les informations en cours de traitement « ici et maintenant » (Morrow et al., 1987). Les autres informations déjà traitées sont mises en arrière-plan de la représentation mentale, en cours de construction. Elles sont néanmoins toujours présentes en mémoire à long-terme, et pourront donc être réactivées.

Ainsi nous pensons que lorsque les lecteurs lisent un texte sur un environnement spatial, ils élaborent une représentation mentale en prenant en compte, dans un premier temps, les deux informations. Cependant, seule une des deux informations sera conservée en mémoire de travail, alors que l’autre information sera inhibée voire supprimée de la représentation en fonction de la situation du texte.

H1a : Une information qui est mise en arrière-plan peut être supprimée de la représentation si aucun élément ne vient renforcer cette information.

H1b : Une information qui est mise en arrière-plan est encore accessible à la représentation mentale, et peut être réactivée si des éléments viennent renforcer cette information.

H2 : Comprendre un texte c’est construire une représentation cohérente en reliant les informations en cours de traitement à celles préalablement traitées qui peuvent être plus ou moins distantes de l’information en cours de traitement. Cette élaboration de la cohérence et notre intérêt pour l’étude des informations spatiales nous conduisent à nous intéresser à la mémoire de travail, et plus particulièrement à l’implication du calepin visuo-spatial de la mémoire de travail et de la capacité des sujets à élaborer des images mentales durant la lecture de textes. Nous faisons l’hypothèse que les lecteurs avec un empan visuo-spatial élevé et avec une grande capacité d’imagerie devraient être plus à même d’inhiber les informations non pertinentes du texte et de réactiver les informations lues antérieurement que les lecteurs avec un empan visuo-spatial plus faible et une faible capacité d’imagerie.