Axe 1 : Compréhension et imagerie

Des études utilisant les techniques de neuro-imagerie (Van Berkum, 2008 ; Otten et Van Berkum, 2007 ; Van Berkum et al,1999 ; Debruille, 2007) ont été réalisées, pour mettre en évidence les zones cérébrales impliquées dans la suppression ou dans le traitement de discontinuités sémantiques (plus ou moins saillantes). En effet, il a été démontré par exemple que lors du traitement d’un mot pouvant posséder plusieurs sens, suivant le contexte sémantique (un homophone), les deux hémisphères cérébraux ne sont pas impliqués de la même manière, qualitativement : l’hémisphère gauche est plus efficace pour le mécanisme de suppression, bien que les deux hémisphères soient à même de supprimer une information inappropriée, dans une certaine mesure (Faust et Gernsbacher, 1996). D’autres études, utilisant la technique électro-encéphalographique, ont montré l’importance d’une onde caractéristique du potentiel évoqué (ERP), lors de l’analyse de signification : la N400. La N400 est une déflection négative du potentiel évoqué qui débute entre 150 et 250 millisecondes, et dont le pic culmine autour de 400 millisecondes, après l’apparition du stimulus. Cette onde est plus forte dans les zones postérieures du cerveau, soient les régions temporo-pariétales, occipito-pariétales et occipitales (Van Berkum, 2008). Il a été démontré que cette onde n’était pas simplement un détecteur d’anomalie, mais était un reflet

de la compréhension du langage normal (Otten et Van Berkum, 2007). Ainsi, Van Berkum et al (1999) et Debruille (2007) ont montré que l’amplitude de la N400 était directement proportionnelle à l’effort requis pour intégrer chaque item à la représentation mentale en construction, et qu’elle était donc d’autant plus forte que la discontinuité sémantique était saillante. Or, aucune étude n’a pour l’heure comparé le potentiel évoqué lors de la détection d’une information non-pertinente versus une information non-cohérente.

Comme nous l’avons mentionné précédemment, il existe de nombreuses pistes pour l’étude des processus d’inhibition et de suppression, qui semblent avoir une fonction complémentaire dans l’activité de compréhension d’un texte ou d’un discours. Ces deux mécanismes ont tous deux vocations à éliminer du réseau de la mémoire de travail à court terme les informations inutiles du texte. Il nous semble intéressant d’adapter nos protocoles afin de rendre compte de l’amplitude de la N400 lors de la présentation d’informations textuelles non pertinentes ou incohérentes.