Séance 2. Une tête pour deux

Elsa manifeste toujours une excitation certaine pour me suivre jusqu’à l’atelier, mais s’agrippe à mon bras dans un lien fusionnel et particulièrement « musclé », prenant appui sur moi et me lestant d’une bonne partie du poids de son corps.

Elle frappe à nouveau le morceau de terre sur la planchette, c’est le bruit associé au rythme de son geste qui lui plaît.

Je confectionne de nouveau une boule que je lui envoie, elle l’écrase et me dit : « J’ai cassé ta boule », ce à quoi je réponds que : « elle n’est pas cassée, tu l’as juste transformée en crêpe !» J’écarte les bras, tourne la tête, et tente de « mimer une crêpe » (comme si j’étais « collée contre une surface plate, un mur »). Cela l’amuse, elle semble comprendre qu’une forme peut en représenter une autre et que nous pouvons jouer avec nos attitudes corporelles, « faire semblant », et qu’il existe une issue à sa destructivité.

Néanmoins nous resterons dans le plat, Elsa ne parvenant pas à pétrir ou malaxer la terre.

Puis, m’observant en train de modeler une autre boule, elle me demande : « Tu m’as fait quoi ? » (manifestant alors sa toute-puissance à travers cette dimension d’adresse, mais comprenant bien mon intention de réaliser quelque chose à son égard), je réponds : « Cela pourrait être une tête... A qui appartient cette tête ? » Elsa renchérit : « C’est ma tête ! Une tête de courge ! » et elle rit.

Je dispose le modelage à mi-chemin entre nous deux, elle le prend, y inscrit de petits trous multiples avec ses ongles et dit en la contemplant : « Des cheveux en pétard, pas de doute, je pense que c’est moi ! » (Elsa a en effet une coiffure très ébouriffée).

Puis elle rajoute : « J’ai l’impression que tu vas éclater, ta tête va éclater », et elle écrase alors le morceau de terre : « Je te tape ! » Puis elle ajoute : « Ma tête elle est explosée, je crois bien...c’est cassé la terre, ça me met en colère ! J’ai envie d’écrabouiller ma tête contre la tienne ! »