Séance 4 : le jeu de lancer de la boule

Elsa frappe sur la planchette le morceau de terre avec énergie, cherchant visiblement à retrouver l’excitation des séances précédentes. Je lui dis que si c’est « drôle et amusant de faire du bruit », on peut aussi « faire doucement » et avoir d’autres sensations, ayant l’intuition qu’il faut maintenant amener un peu plus de nuances et réguler à travers la relation les excitations précédentes.

Je remarque que lorsqu’elle s’empare de la terre, elle ne bave plus.

Le morceau devient à nouveau tout aplati (la notion de « nuance » était un peu prématurée), puis se fissure et plusieurs morceaux se séparent.

Je prends le risque de lui demander de rassembler les morceaux, afin de tester sa capacité à « réunir. » Elle dit, sur le ton de la colère : « Non, j’peux pas, j’y arriverai pas ! » J’adopte alors une attitude un peu plus en retrait. Ma demande était maladroite et prématurée, il fallait attendre de voir si elle y parviendrait seule, laisser faire le médium malléable. Mécontente, Elsa me dit : « De toute façon, j’ai mal au ventre. » Elle se met alors dans une attitude d’opposition passive (provoquée par ma demande), met sa tête entre ses mains, s’avachit sur la table et marmonne des mots incompréhensibles.

Je patiente, puis confectionne une boule de terre que je fais rouler sur la table jusqu’à elle et qui heurte son bras. Elsa relève la tête, sourit, réceptionne le modelage et le contact semble se rétablir. Nous nous faisons alors rouler la boule de l’une à l’autre, puis elle décide de la lancer en l’air, de me la lancer et ainsi de suite. Ce jeu l’excite beaucoup. Lorsqu’elle réceptionne la boule, c’est dans un mouvement d’hypercontraction de ses bras, presque accompagné de spasmes (elle retient sa respiration), témoignant de l’excitation à l’œuvre.

Puis elle se lève et joue seule sous mon regard à lancer puis réceptionner la boule en l’air dans l’espace de l’atelier.