3.2.3. Potentiels évoqués auditifs en réponse à un son de parole : artéfact ou réponse neurophysiologique ?

Une des difficultés rencontrées lors du recueil de PEASPest la simultanéité entre la stimulation et l’enregistrement d’une part des PEASP, et la forte similitude entre la forme du stimulus et le pattern du signal recueilli d’autre part, induisant un risque d’artéfact électromagnétique particulièrement important. Cet artéfact, résultant de la superposition du signal neuronal (RSF) et du couplage électromagnétique des transducteurs, est lié aux problèmes de compatibilité électromagnétique entre la chaîne de stimulation (en majeure partie les transducteurs acoustiques) et les électrodes de recueil. En effet, la précision, souvent spectaculaire, de la synchronisation entre la RSF et la voyelle, pose la question de l’authenticité de cette réponse neuronale, qui pourrait n’être que le reflet du couplage électromagnétique entre la chaîne de stimulation et les électrodes de recueil. Cet artéfact n’existe pas avec les PEA en réponses à des clics, car le PEA est enregistré après que le stimulus impulsionnel ait été délivré, et peut être facilement éliminé dans les PEASM. Les PEA en réponse à un son de parole sont, quant à eux, difficiles à distinguer de l’artéfact, les premiers pics fréquentiels du stimulus correspondant à ceux de la réponse soutenue à la fréquence. De plus, dans le cas des PEA en réponse à un son de parole, la polarité alternée (stimulus envoyé alternativement de manière inversée et non inversée (Johnson et al, 2005) à elle seule ne suffit pas à annuler les réponses artéfactuelles. Afin de diminuer les risques d’artéfacts différents paramètres doivent être pris en compte.

L’un de ces paramètres dépend du type de transducteur utilisé. Les transducteurs les moins susceptibles de donner lieu à du couplage électromagnétique sont les écouteurs intra auriculaires dont la totalité de l’habitacle (hormis les tubes d’air), ainsi que les fils, sont encastrés dans une cage de Faraday, reliée à la masse électrique (unique) du dispositif expérimental. En effet, tous les autres transducteurs risquent d’engendrer des réponses contaminées, pour les intensités de stimulation habituellement utilisées. Les casques habituellement utilisés en audiologie (TDH 39 ou Sennheiser 250) sont donc à proscrire dans l’enregistrement de Speech ABR. Enfin, la comparaison des résultats de mesures effectuées chez des sujets normo-entendants et chez des patients présentant une cophose (surdité complète) unilatérale confirme que les réponses enregistrées sont bien d’origine neuronale.