IV. Partie expérimentale :

La perception de la parole est un phénomène complexe qui fait appel à différentes étapes d’intégration et d’analyse du signal acoustique tout le long du tractus auditif, étapes dont la réalisation peut être rapidement altérée dans la vie de tous les jours, notamment par le bruit environnant.

Les différentes expériences réalisées et rapportées ici ont pour but la mise en évidence de cette dégradation de la perception de la parole en condition adverses et ce au moyen des PEASP. Le but final était d’obtenir des données individuelles mettant en évidence l’implication du traitement sous cortical des sons de parole dans la perception dégradée de ceux-ci en situation de bruit chez des personnes normo-entendantes, afin de pouvoir, à terme, étendre cette recherche à des personnes présentant des troubles de l’intelligibilité de la parole.

La première expérience avait pour but l’étude de l’encodage d’un son langagier signifiant par rapport à un homologue, ainsi que l’encodage du voisement au niveau sous cortical. Le but étant la compréhension du rôle de l’enveloppe temporelle d’un son langagier dans la genèse des PEASP. Les résultats obtenus lors de cette expérience mettent en évidence que la RSF ne contiendrait pas que l’information liée à l’enveloppe temporelle.

Mon second travail était l’objectivation de la modification de l’encodage des signaux langagiers dans différentes conditions de bruit. Les résultats montrent un meilleur encodage des signaux de parole dans le bruit blanc par rapport aux autres conditions, toutefois ces résultats durent être nuancés, les différentes conditions de bruit ne pouvant être énergétiquement comparables. Par ailleurs, lors de cette seconde expérience, il persistait un problème que nous n’arrivions pas à résoudre jusqu’alors : l’analyse des résultats à l’échelon individuel. Il était donc nécessaire d’effectuer une optimisation de la chaine d’acquisition des PEASP, de même que la mise au point d’une méthode d’analyse automatisable avant de poursuivre toute expérimentation.

Ainsi, le troisième volet de mon travail a eu pour objectif l’obtention de résultats individuels exploitables, ainsi que la mise au point d’un système d’analyse automatique, venant en complément de l’analyse visuelle. Le fruit de ce travail fut visible lors des expériences suivantes, même si quelquefois certaines traces n’ont encore pu être totalement exploitées.

Cette mise au point effectuée, il m’a été possible de reprendre le sujet premier de ma thèse, à savoir l’encodage de la parole dans le bruit. Pour cette 4ième expérience, il a été décidé d’effectuer l’étude de d’un son de parole dans le silence et de comparer son encodage sous cortical lorsque celui-ci était « parasité » par un autre son non signifiant, ainsi que d’étudier l’influence de l’intensité de stimulation sur les caractéristiques des PEAPSP. Les résultats montrèrent la nette dégradation des PEASP dans le bruit avec certaines particularités concernant l’effet de l’intensité. En effet, chez certains sujets, on identifia facilement une réponse de type PEASPavec un stimulus /ba/, alors que cela n’etait plus possible avec un stimulus /ba+ba/. Ces observations nous amenèrent à proposer un protocole d’étude systématique des fonctions entrée/sorties, protocole décrit dans l’expérimentation 6.

L’expérience 5 quant à elle reprenait le projet d’étude de l’encodage du voisement au niveau sous cortical, projet qui avait été évoqué lors de la première expérience. Les résultats obtenus mirent en évidence un encodage du voisement dès l’étape sous corticale avec un rétrocontrôle cortical.

La dernière expérience fut donc la suite logique de l’expérience 4, le but étant la connaissance du seuil de détection d’une réponse de type speech ABR chez le normo-entendant avant de pouvoir disposer d’une application clinique chez les patients malentendants.