1.3.2. Tests neurophysiologiques : les PEASP

Le traitement temporel et fréquentiel n’ayant pas montré de différence entre les différentes polarités, les résultats ont été analysés en polarité alternée. Les traces les mieux représentatives temporellement et fréquentiellement ont été retrouvées au niveau de la voie 1 (dipôle mastoïde droite-vertex), chez l’ensemble de nos sujets, tous droitiers.

Concernant la réponse impulsionnelle, l’analyse visuelle de la représentation temporelle figure 20 montre un décalage dans l’apparition de celle-ci sur les grandes moyennes, de 0,098 ms entre /ba/ et son homologue, et de 0,048 entre /pa/ et son homologue. Les Résultats sont ici présentés sur les grandes moyennes, les traces individuelles n’étant pas analysables.

Une réponse soutenue en fréquence (RSF ou frequency following response) bien synchronisée est visible sur la représentation temporelle des grandes moyennes du /ba/ et du /pa/ alors que celle-ci n’est pas individualisable sur les traces PEASP de leurs homologues respectifs. Les représentations fréquentielles mettent en avant la caractéristique passe-bas des PEASP, toujours en dessous de 1000 Hz (fig 21). Sur les spectrogrammes, o n retrouve des courbes d’énergie similaires entre les enveloppes de /ba/ et de son homologue, ainsi que pour /pa/ et son homologue à 200 Hz, avec une différence à 400 et 600 Hz. La comparaison des énergies au niveau de F0 sur les spectrogrammes de /ba/, /pa/ et de leurs homologues montre une énergie supérieure pour la bande spectrale de F0 de /ba/ par rapport à celle de son homologue (Anova : F(1,118) = 4,811, p = 0,03), ainsi que pour /pa/ (Anova : F(1,118) = 16,6, p < 0,001), mais aussi à 400 et 600 Hz. Sur l’analyse visuelle des traces temporelles, les RSF en réponse à /ba/ et /pa/ sont semblables. Ceci a été corroboré par le calcul d’énergie à partir des spectrogrammes des grandes moyennes. L’énergie choisie afin de comparer les réponses /ba/ versus /pa/ a été choisie au niveau de F0, là où elle était le plus visible. Celle-ci variait de −30 à −9 dB pour /ba/ sur l’ensemble des 15 sujets (M=−18 dB, std = 6 dB), et de −31 à −9 dB pour /pa/. Statistiquement, l’utilisation d’un test-t sur les calculs d’énergies de la RSF, entre /ba/ et /pa/, contenue dans la bande spectrale de F0 est non significatif (p=0,35). Les FFR en réponse à /ba/ et à /pa/ sont semblables, ce qui n’est pas surprenant étant donné qu’ils possèdent la même enveloppe, la même voyelle et donc une périodicité identique.

Ces courbes effectuées sur la représentation spectrographique des PEASP obtenus (Fig 22), mettent donc en évidence la synchronisation de la FFR sur le fondamental des PEASP en réponse au /ba/ et /pa/, synchronisation conditionnée par la structure fine (comme Greenberg 1987 et Dau 2003), alors que les réponses PEASP homologues ne montrent pas une FFR aussi bien synchronisée que celles observée en réponse au /ba/ et au /pa/.

Figure 20 : Représentation temporelle des stimuli /ba/, /pa/, de leurs homologues et des grandes moyennes PEASP obtenues en réponse à ces différents stimuli.
Figure 20 : Représentation temporelle des stimuli /ba/, /pa/, de leurs homologues et des grandes moyennes PEASP obtenues en réponse à ces différents stimuli.

De haut en bas :
Sur la trace PEASP en réponse au /ba/ sont visibles l’onset et la RSF.
Sur la trace PEASP en réponse à l’homologue du /ba/, l’onset est visible, mais la RSF n’apparaît pas identifiable.
Il en est de même pour les traces PEASP en réponse au /pa/ et à son homologue.

Figure 21  a, b, c, d: Représentation fréquentielle des différents stimuli et des traces PEASP correspondantes.
Figure 21  a, b, c, d: Représentation fréquentielle des différents stimuli et des traces PEASP correspondantes.

a : stimulus /ba/ ; b : homologue du stimulus /ba/ ; c : stimulus /pa/ ; d : homologue du stimulus /pa/.

Figure 22 : Tirée de Akhoun et al, 2008 : Comparaison des coupes des spectrogrammes à différentes bandes de fréquences : F0 (200 Hz) et aux deux premiers harmoniques (400 et 600 Hz).
Figure 22 : Tirée de Akhoun et al, 2008 : Comparaison des coupes des spectrogrammes à différentes bandes de fréquences : F0 (200 Hz) et aux deux premiers harmoniques (400 et 600 Hz).

Les signaux concernant la syllabe sont en gras et en trait fin pour l’homologue. Les stimuli se situent à gauche et la RSF à droite. Enfin, ce schéma concernant le /ba/, en haut, est repris à l’identique pour le /pa/ en bas. La superposition des courbes d’énergies des stimuli à 200 Hz (/ba/ ou /pa/) montre la similarité des enveloppes des homologues et des syllabes. Cette distribution est différente pour les harmoniques supérieurs. L’énergie contenue dans la RSF à 200 Hz est beaucoup plus importante en réponse aux syllabes (rectangles en pointillées), tandis qu’elle est semblable dans les deux conditions 400 et 600 Hz (harmoniques).