b. Vers un emploi de systèmes hydrauliques à moindre échelle

Dans cette période de mutation culturelle, les petits systèmes hydrauliques, utilisés durant l’Antiquité romaine à côté des ouvrages publics, pourraient trouver un terrain d’application favorable. Il n’est toutefois pas facile de déceler les dispositifs et leur étendue. Les fouilles laissent souvent sans réponse la question de l’origine de l’eau courant dans les conduites des bâtiments. L’archéologie des baptistères s’intéresse peu au captage des eaux du baptême. Quelques études cependant permettent d’envisager que les techniques s’adaptent à merveille à des systèmes propres au groupe épiscopal. À Genève, le baptistère disposait d’une adduction d’eau à partir d’un puits aménagé de telle manière que l’eau puisse être puisée rapidement. Il est possible qu’une pompe ait été utilisée à cet effet88. La conduite était construite avec des segments de troncs de sapins évidés reliés bout à bout avec des frettes métalliques. Le balnéaire qui était accolé à la basilique septentrionale du groupe épiscopal de Rouen disposait d’une adduction sous pression acheminée le long de la voie décumane par des tuyaux de bois réunis par des frettes89. L’évacuation de l’eau n’est généralement pas associée à un assainissement collectif. Pour les cuves baptismales, l’évacuation peut se faire de deux manières. Des conduits peuvent évacuer l’eau à l’extérieur du bâtiment. Une alternative correspond à l’installation d’un puisard dans le sein même du baptistère. Jean Guyon voit dans la dernière solution une conséquence de l’abandon du réseau d’assainissement, ou encore une volonté de conserver l’eau du baptême en terre d’Église90.

Dans le monde rural, l’existence de systèmes hydrauliques est attestée dans les anciens textes et les fouilles archéologiques. Venance Fortunat mentionne en ces termes un dispositif qui se trouvait dans une des maisons de l’évêque Léonce : « une mécanique reposant sur la triple arcade d’une petite construction où tu crois voir courir en peinture les eaux de la mer. L’eau douce jaillit de l’intérieur et sort inépuisable d’un conduit de métal. »91. Il s’agit d’une fontaine monumentale. L’archéologie permet de mettre en évidence des installations ce type dans les villas de la fin de l’Antiquité92. Dans le cadre du domaine privé, les bains sont une autre persistance culturelle permettant l’expression des savoir-faire des hydrauliciens. À Rouen, la construction d’une des églises du groupe cathédral contraint à une modification des thermes d’une domus qui persistent à l’ouest du bâtiment.

Notes
88.

Charles Bonnet, 1986, p. 28 et 36.

89.

Jacques Le Maho, 1994, p. 1-51 ; 1998, p. 322-324.

90.

Jean Guyon, 2000, p. 49.

91.

Paul-Albert Février, 1996, p. 18.

92.

Ferdière, 1988, T. 1, p. 217-218.