II.2.3. Le cas de l’eau du baptême : des techniques hydrauliques orientées vers un usage liturgique de l’eau.

Les baptistères et plus généralement les groupes épiscopaux bénéficient actuellement d’une couverture archéologique significative. Les investigations comme celles qui ont été menées à Genève par l’équipe de Charles Bonnet313 signalent une utilisation commune des systèmes hydrauliques ainsi que leur évolution. Pour la Gaule, Jean Guyon estime le nombre de baptistères reconnus à une vingtaine pour les villes épiscopales, auxquels s’ajoute une douzaine de monuments dans le monde rural. Depuis le début du millénaire, plusieurs fouilles préventives ont permis de compléter le corpus314. Plus généralement, le baptistère apparaît comme un édifice où s’expriment de nombreuses innovations architecturales et techniques. Les savoir-faire se sont en particulier réalisés dans les adductions et les évacuations des cuves baptismales. Les techniciens ont pu employer diverses solutions pour répondre aux contraintes liées, d’une part à la cérémonie du baptême, et d’autre part, aux possibilités d’approvisionnement en eau.

La manière dont l’eau arrivait et le déroulement du remplissage, puis de la vidange de la cuve, participent au bon fonctionnement de la liturgie propre au baptême. Théoriquement, le baptême doit avoir lieu dans l’eau courante. Cependant, les textes restent ambigus. Tertullien admet que toute eau, du fait de son origine dans la Création, peut être propre au sacrement315. La Tradition apostolique 316 ne fait pas non plus une obligation du flux bouillonnant, offrant par là les possibilités de la diversité et de l’adaptation des installations. Dans la mesure du possible, l’eau doit couler dans la fontaine ou venir d’en haut. Sinon, à l’image des exemples cités par Tertullien317, on se servira des eaux que l’on trouve. L’archéologie démontre bien la variété des situations qui pourrait entre autres signaler que l’on ne disposait pas nécessairement et facilement d’eau courante. Il peut y avoir une adduction et une évacuation comme à Aix-en-Provence, Nantes (état 2), Lyon, Nevers (Nièvre) ou encore Portbail (Manche). Riez (Alpes-de-Haute-Provence) ou Marianna (Corse) ne disposeraient que d‘une adduction. La possibilité d’une évacuation sans adduction se remarque à Fréjus (Var), Recamone ou Figari (Corse). En revanche, Civaux (Vienne) ne possède ni alimentation ni système d’évacuation318.

Notes
313.

Charles Bonnet

314.

Baptistères d’Ajaccio, de Roanne, de Brioude, du Puy-en-Velay.

315.

Tertullien, De baptismo, IV.

316.

Jean-Charles Picard, 1989, p. 1459-1460. D'apr. Hippolyte de Rome, Tradition Apostolique, 21 p. 81.

317.

Idem

318.

Civaux était une agglomération importante jusqu’à la période mérovingienne. Une église liée à un baptistère a été retrouvée en 1960. La cuve baptismale, en forme de losange, est munie à l’est et à l’ouest d’un escalier. Elle ne disposait apparemment d’aucun dispositif d’adduction et d’évacuation. Jean-Claude Papinot et al. 1996 p. 274-275.