II.2.3.1. Existence d’une hydraulique spécifique pour les besoins de la cérémonie du baptême

Dans l’Église antique, le baptême n’est administré qu’une à deux fois par an. À Milan et en Gaule, on ne baptise qu’à Pâques. En 585, au concile de Mâcon, la règle de ne baptiser qu’à Pâques319 est encore rappelée, signifiant par là même que, dès cette époque, les coutumes avaient évolué. En revanche à Rome, on baptise aussi à la Pentecôte. Le roi des Francs, Clovis, est, avec trois mille de ses guerriers, baptisé à Noël. Les rites sont collectifs et intéressent principalement des adultes, jusqu’au VIe siècle tout du moins. L’aspect occasionnel de la cérémonie dans le cadre d’un Christianisme en pleine expansion, suppose qu’à chaque fois de nombreuses personnes étaient baptisées. Mais, entre le IVe et le VIIIe siècle, le rite est en pleine évolution, et demande de moins en moins de volume d’eau ce qui a notamment pour conséquence une réduction de la dimension des cuves. La multiplication des possibilités de baptiser dans l’année et le nombre grandissant de baptistères, qui ne se placent plus uniquement près des cathédrales, marquent des changements dans les usages. Le baptême de masse suppose des structures hydrauliques adaptées. Par la suite, la banalisation du rite dans une société en grande partie convertie atténue les contraintes sur le mode de fonctionnement de la cuve baptismale.

Notes
319.

Dans les actes du XIe congrès d’Archéologie Chrétienne, Jean-Charles Picard note bien la difficulté d’appréhender le cadre matériel de la célébration du baptême pour la Gaule. À défaut, il utilise les informations attachées à la liturgie de Milan. Après s’être dévêtus, les catéchumènes descendaient dans la cuve baptismale qui était située en contrebas du sol du bâtiment. Descendre puis remonter de la cuve baptismale rappelait l’idée de mort signifiant à la fois la disparition du Vieil Adam et une imitation de la mort et de la résurrection du Christ. Cette gestuelle avec sa symbolique est directement rattachée à l’Épître aux Romains : « Nous avons donc été ensevelis avec par le baptême en sa mort, afin que, comme le Christ a été relevé d’entre les morts par la gloire du Père, nous menions nous aussi une vie nouvelle. Car si nous lui avons été totalement unis par une mort semblable à la sienne, nous le serons aussi par une semblable résurrection. » (Épître aux Romains, VI, 4 et 5. Épître aux Colossiens, II, 12). Les baptistères sont ouverts dans la nuit de Pâques pour bien marquer que le baptême est donné dans la mort et la résurrection du Christ. Le parcours du baptisé rappelle aussi la descente du Christ dans le Jourdain ainsi que la traversée de la mer Rouge par les Hébreux. Voir aussi Jean Guyon, 2000.