b. L’évacuation des eaux baptismales

Dans le bon fonctionnement du système hydraulique baptismal, l’évacuation des eaux est un élément tout aussi essentiel que la mise en eau de la cuve. Dans les cas des baptistères qui pouvaient assurer un courant d’eau régulier dans une cuve pleine, il fallait une évacuation performante, continuelle qui garantisse par ailleurs la régularité du niveau de la cuve. En général, deux solutions sont utilisées pour rejeter l’eau. Elle est, soit évacuée vers l’extérieur du baptistère par une conduite, soit recueillie dans un puisard. Disposant vraisemblablement d’une adduction en pression, le baptistère de Lyon dans son état de la fin du IVe - début du Ve siècle utilisait aussi un dispositif d’évacuation complexe mettant en jeu deux tuyaux de plomb. Il peut s'agir des évacuations séparées d’un trop-plein et de la bonde de vidange (fig. 49). À la fin du Ve siècle et au début du VIe siècle, la cuve baptismale de la villa de Séviac (Lot) possédait une évacuation par un conduit ménagé au fond de la cuve337. Dans le baptistère de l’Isle-Jourdain (Gers), l’évacuation était assurée par une conduite de plomb ou un canal maçonné qui traversait la moitié orientale du bâtiment338. La cuve du premier baptistère de Nantes était munie d’une saignée de 8 cm de profondeur sur 10 cm de large qui se jetait dans un canal339. Les trois dernières cuves du baptistère de Reims possédaient une évacuation constituée d’une canalisation en pierre340. Dans plusieurs cas, la solution du puisard est employée. Il n’est pas exclu que la dispersion des eaux baptismales en terre d’Église ait une résonance symbolique. Cette solution peut aussi résulter de l’absence d’émissaire permettant d’évacuer l’eau. Il aurait été toutefois judicieux de rejeter d’une manière ou d'une autre l’eau en dehors du bâtiment. La technique du puisard interne peut aussi se concevoir dans la mesure où le baptistère était en partie enterré et qu’il n’était pas possible d’évacuer l’eau facilement vers l’extérieur. L’évacuation des eaux du dernier état de la cuve du baptistère de Poitiers s’effectuait depuis l’intérieur de l’édifice par un conduit qui débouchait sur un puits perdu341. La cuve baptismale de Meysse (Ardèche) était construite au-dessus d'une fosse remplie de galets qui est un puisard342. Le premier état du baptistère de Nevers, daté du début du VIe siècle, développe un dispositif original de canaux rayonnants en aval du puisard343 (fig. 49). Six dalots maçonnés partant du centre de la cuve se développent jusqu’au stylobate des colonnes de la partie centrale de l’édifice. Au sud, le drain le plus large aboutit à un puisard. L’eau s’évacuait de la cuve par une bonde implantée en périphérie de la paroi. Un écoulement était placé sur le haut de la cuve qui pourrait peut-être correspondre à un trop-plein. Le système conçu dès l’origine est réfléchi. Il ne semble pas faire de doute que l’évacuation était prévue pour recueillir beaucoup d’eau dans un temps assez court. Dans le cas de Portbail (Manche), l’eau ne s’écoule pas sous le bâtiment. Elle est évacuée au-dehors par un conduit de plomb avant d’être recueillie par un puisard344.

Notes
337.

Jacques Lapart, Jean-Louis Paillet, 1996, p. 163-164.

338.

cf. note infra.

339.

Xavier Barral-y-Altet, « Nantes, Cathédrale Saint-Pierre-Saint-Paul et baptistère », Les premiers monuments chrétiens de la France, sud-ouest et Centre, éd. Picard, 1996, p. 221-222.

340.

Robert Neiss, Walter Berry, « Reims, cathédrale et baptistère », 1998, p. 108-110.

341.

Brigitte Boissavit-Camus, 1996, p. 296.

342.

Jean-François Reynaud, Archéologie Médiévale, XX -1990, P. 386.

343.

Charles Bonnet, 1995, p. 36-38. Voir aussi : Christian Sapin, 1998, p. 57-63.

344.

Op. cit. p. 302.