Cette analyse rapide des systèmes hydrauliques associés aux baptistères paléochrétiens permet plusieurs remarques. Les baptistères révèlent qu’à la fin de l’Antiquité et dans les débuts du Moyen Âge, le savoir-faire hydraulique n’était pas perdu. La diversité des réponses employées pour assurer l’adduction et l’évacuation de l’eau est révélatrice de la faculté d’innovation et de la maîtrise des techniciens face aux contraintes de l’approvisionnement en eau et de la liturgie du baptême.
Comparativement à d’autres constructions de l’Antiquité tardive, le baptistère est un bâtiment plutôt bien étudié. Le corpus actuel de la Gaule permet les premiers essais de synthèse345. La chronologie des différentes constructions signale souvent des modifications successives des installations. La réduction des dimensions des cuves baptismales est un élément très souvent retenu dans la transformation progressive de l’espace baptismal. Il apparaît aussi que la liturgie fasse de moins en moins appel à de l’eau exogène en glissant inexorablement vers la pratique du baptême par aspersion. L’évolution de la cuve à immersion vers les fonts baptismaux peut être liée à des changements de pratiques qui s’adressaient de plus en plus à des enfants dans le cadre d’une société christianisée pour l’essentiel de ses représentants. Elle peut traduire aussi, à un moment donné, une difficulté à exploiter les eaux. Est-il possible d’envisager que le baptistère soit un indicateur fiable dans l’altération de certains savoir-faire ? Pour répondre à la question, il faudrait nécessairement changer d’échelle en poussant l’étude au-delà du groupe épiscopal.
Le plan du baptistère, sa monumentalité et la complexité de son système hydraulique ne sont pas sans rappeler le dispositif du lavabo des moines qui sera connu plus tardivement. Il est cependant difficile d’envisager une filiation directe entre les deux types de construction. Il n’est cependant pas exclu de trouver une relation indirecte à travers les schémas symboliques de la Résurrection et de la Fontaine de Vie346.
Jean Guyon, 2000.
Krautheimer, 1993.