e. Les latrines

Les latrines dans le haut Moyen Âge

Un autre état de l’eau est celui l’eau des latrines. Nous avions précédemment remarqué que, sur le plan de Saint-Gall, les latrines étaient rejetées en dehors des espaces de la clôture. Cette implantation sur le côté opposé à l’église fait partie d’une des composantes majeures du plan monastique classique.

La règle de Saint-Benoît ne signale pas directement l’existence de latrines dans le monastère. Le chapitre VIII qui règle les heures de l’office divin de la nuit permet, entre Pâques et le premier novembre, aux frères de sortir rapidement pour leurs besoins naturels avant les Vigiles.

Le dessinateur de Saint-Gall a systématiquement représenté des latrines (fig. 53). En revanche, contrairement à certaines hypothèses, il est difficilement possible de rapporter les graphismes à l’existence d’écoulements qui permettraient le nettoyage des diverses commodités. Le type de dessin pourrait au plus donner des indications sur la manière dont les moines carolingiens se représentaient les latrines. L’image qui transparaît est celle de construction développée dans la longueur. Elles possèdent trois espaces. Le premier correspond à l’accès qui se trouve sur le plan sous la forme d’un long couloir. Le couloir s’ouvre sur un espace de circulation situé dans la première moitié longitudinale du bâtiment. Pour les latrines des moines, cette partie est nettement plus développée et comporterait éventuellement des bancs. Une source de lumière artificielle est dessinée à l’angle des latrines des moines. Le dernier espace est subdivisé en un certain nombre de carrés qui pourraient représenter des sièges selon les indications portées à ce niveau dans les latrines du cloître. Nous avons vu précédemment que quatre des graphismes quadrangulaires sont complétées par des cercles internes. Il s’agit donc de bancs de latrines tels qu’ils peuvent être entrevus dans les latrines antiques. Il apparaît assez facile à partir des indications du plan de supputer l’existence de canaux de nettoyage sous les rangées de sièges. Mais, c’est un pas qu’il est difficile de franchir compte tenu du type de document. En revanche, la représentation assez systématique de la même forme laisse envisager que les concepteurs du plan se faisaient une image précise de la manière dont les latrines étaient disposées. La Vie de Benoît d‘Aniane offre des indications précieuses sur la disposition des latrines du monastère d’Aniane. Le biographe du saint homme signale que celui-ci avait pris soin de placer la « domus latrinarum » au-dessus d'un torrent au prix de beaucoup d’efforts412. Malheureusement, le texte d’Ardon a été soumis entre le milieu du XIe siècle et le milieu du XIIe siècle à des interpolations qui lèsent sa fiabilité sur les questions de l'origine du monastère d’Aniane413.

Notes
412.

Vita, 23, MGH, SS, XV, 209. voir, Lesne, op.cit., t. VI p. 78.

413.

Ardon, Vie de Benoît d’Aniane, Vie Monastique 2001 n°39.