f. Les viviers

Le poisson intervient dans l’alimentation des moines au même titre que les œufs et le fromage. En effet, la règle bénédictine interdit la viande aux moines sauf exceptionnellement aux malades très affaiblis420. Les moines se tournèrent sur d’autres ressources en protides. La disponibilité du poisson sur les tables des réfectoires semble avoir été une préoccupation importante des religieux.

Déjà au VIe siècle, Cassiodore vantait les qualités des viviers installés dans son monastère de Calabre. Le nom du monastère, Vivarium, met d’ailleurs en relief cet aspect de l’utilisation de l’eau par les moines. L’ancien conseiller de Théodoric adopte une technique qui est décrite dans l’ouvrage de Columelle. Les analyses archéologiques permettent d’aller au-delà des textes en donnant des indications précises sur le lieu d’implantation et la situation du monastère dans le golfe de Squillace à proximité de la Punta di Staletti421. Le bâtiment principal dominait de près de 30 m les viviers installés dans des anfractuosités du rocher et alimentés par les eaux du golfe. L’archéologue a pu identifier trois viviers de 10 à 12 m de long sur 4 à 5 m de large alimenté chacun par un canal qui le relie à la mer. Afin d’enfermer le poisson dans les piscines, les canaux devaient être munis de grille. Une digue située en avancée dans la mer permettait de protéger les installations422.

Le plan de Saint-Gall ne signale pas de vivier. Il en existe un dans le plan de Christchurch de Cantorbéry. Celui-ci sert d’exutoire aux eaux provenant des cloîtres du monastère. Les viviers, et par extension, les étangs sont des constructions courantes inscrites dans l’enceinte ou dans les territoires appartenant aux religieux. Il n’y a pas en effet un monastère qui ne possède au moins un étang proche. Très souvent, le lieu-dit de l’étang ou de l’ancien plan d’eau rappelle le lien direct avec la communauté installée dans les environs. Les retenues d’eau sont aussi souvent associées à des moulins car les digues ou chaussées permettent une hauteur d’eau suffisante pour actionner une ou plusieurs roues hydrauliques.

Notes
420.

RB, 36, 9.

421.

Pierre Courcelle, 1938, op.cit. p. 259-307.

422.

Cette digue serait visible dans les miniatures.