b. Une invention de l’Antiquité

Les textes antiques

D'après les textes, le moulin hydraulique est connu depuis le Ier siècle avant notre ère. Strabon est l’auteur de la plus ancienne source attestant de son emploi441. Le palais du roi Mithridate, à Cabire ou Cabeira, en Asie Mineure, disposait d’une installation de meunerie mue par l’eau. Cette source textuelle serait toutefois légèrement postérieure à celle que fait Lucrèce de roues hydrauliques au fil de l’eau. Mais, Lucrèce reste très ambiguë sur la destination des machines qui servent les flots poétiques de son discours sur les astres442. Dans le texte de Strabon, rien malheureusement ne permet de caractériser le moulin. Vers 30 av. J.-C., le poète Antipater de Thessalonique est l’auteur d’une épigramme qui fait explicitement le lien entre la roue mue par l’eau et la mouture des céréales443. C’est finalement dans la même période que l’on doit à Vitruve la première description technique du mécanisme du moulin à roue verticale.

Notes
441.

Strabon, Géographie, XII, 556. Selon Daniel Castella, le fait que Strabon ait mentionné le moulin suppose, soit que ce type de machine était peu courant à l’époque, soit que le moulin de Mithridate disposait d’un dispositif hydraulique imposant et ingénieux. Daniel Castella, 1994, p. 18. Il est possible aussi que le moulin ait attisé la curiosité de Strabon car il n’était peut-être pas courant de trouver une machine de ce type dans un palais.

442.

Titus Lucrecius Carus, De natura rerum, V. Traduction Ch. Labre, 1992. Dans son encyclopédie, Raban Maur cite le texte de Lucrèce relatif aux roues hydrauliques.

443.

« Ne mettez plus la main au moulin, ô femmes qui tournez la meule ! Dormez longuement, quoique le chant du coq annonce l'aurore ; car Cérès a chargé les nymphes des travaux qui occupoient vos bras. Celles-ci s'élancent sur la sommité d'une roue, font tourner son axe, qui, au moyen de rayons mobiles, met en mouvement la pesanteur de quatre meules concaves. Nous goûtons de nouveau la vie des premiers hommes, puisque nous apprenons à nous nourrir sans fatigue des produits de Cérès. » Bruck., Analec. græc., tom. II, p. 119. (Anthol. palatine, IX, 418, 1-8).