e. Constat sur l’utilisation des sources clunisiennes

Nous constatons que l’ensemble des textes relatifs aux origines de Cluny ne peut être analysé que dans le contexte de compilations tardives, souvent orientées vers les besoins de l’apologétique clunisienne. Dans ces conditions, il semble bien difficile d’essayer de définir à partir des sources les circonstances de l’installation des moines.

À aucun moment dans les textes se trouve la mention d’un pavillon de chasse ayant appartenu au duc Guillaume. L’épisode de la Vie d’Hugues d’Anzy-le-Duc qui rapporterait indirectement l’existence de vénerie ne fait état que des chiens et de leurs aboiements. Les cris de la meute sont opposés à la prière des moines. Hugues et Bernon ont trouvé dans leur recherche le lieu propice pour l’installation de la nouvelle communauté monastique. La mention des chiens de Guillaume peut être comprise comme un procédé métaphorique permettant de marquer le choix des deux religieux d’implanter des frères dans un désert éloigné du monde des laïcs, dans des forêts propices aux animaux sauvages. À cette expression du désert s’ajoute celle du salut du duc Guillaume.

L’ensemble des documents reste muet sur la réoccupation de la demeure de Guillaume par les douze premiers moines. Il n’est pas possible de définir à quoi correspondent les bâtiments dans les textes. Les termes de cour et de manse dominical « cortile et manso indominicato » cachent sans nul doute la réalité de constructions dont les types architecturaux sont à trouver.

Les textes les plus fiables présentent Cluny comme un domaine peuplé et exploité. Les chartes de 893 et de 910 donnent une vague description de la villa qu’il est difficile de remettre en cause. Le territoire est installé sur la Grosne. Si les forêts sont mentionnées, les terres, prés et vignes sont très présentes.