a. Les travaux de Kenneth John Conant

Bénéficiant notamment des moyens de la Mediaeval Academy of America, Kenneth John Conant a organisé plusieurs campagnes de fouilles archéologiques entre les années 1927 et 1936. Après la deuxième guerre mondiale, il revient sur le site de Cluny entre 1949 et 1950. Sa méthode de travail est caractérisée par une technique de fouille en puits, appelés « pits ». Entre 1927 et 1959, l’archéologue américain va établir 110 trous de ce type (fig. 91). Les surfaces des sondages ne dépassent généralement pas quelques mètres carrés. Pus rarement, l’archéologue passe dans une phase extensive en développant ses interventions sur plusieurs dizaines de mètres carrés. Des fouilles étendues ont été effectuées devant le portail roman selon deux pits (Pits 2 et 10), à la hauteur du chevet de la seconde église abbatiale et au niveau de l’église Sainte-Marie. En général, Kenneth John Conant cherche le mur. Il va donc détourer les maçonneries. La méthode employée pose des problèmes aujourd’hui car, à bien des endroits, la stratification est rompue entre la structure et les contextes. Kenneth John Conant s’est attaché à mettre en évidence les maçonneries des différentes églises qui se sont succédées sur le site abbatial. Il met en place une chronologie à partir des vestiges que la fouille lui fournit. Cluny A, la chapelle de la fondation retrouvée sous le chevet de la seconde église, précède l’église consacrée en 927, qui, d’après l’archéologue, est à mettre en relation avec des vestiges retrouvés sous le sol du bras sud du transept de la dernière église. Il retrouve une partie des restes de la seconde église abbatiale établie sous Mayeul. Il s’attache aussi et surtout à analyser les maçonneries de la grande église abbatiale. Il consacrera par ailleurs une partie de son énergie à caractériser l’église Sainte-Marie située derrière la salle du chapitre.

Pour l’époque, le travail de Kenneth John Conant est de très bonne qualité. Il n’est pas ignorant de l’analyse stratigraphique. Malheureusement, l’utilisation de cette méthode est loin d’être systématique. Le mérite de l’archéologue américain est d’avoir documenté précisément ses fouilles sous forme de cahiers de fouilles, les daybooks, et de nombreuses minutes rassemblées par pits. À cet ensemble, il faut ajouter une couverture photographique systématique des différentes interventions.

Kenneth John Conant a énormément publié. Il faut compter près de 75 articles ou ouvrages intéressant son activité à Cluny893. En 1968, il publie la monographie des fouilles de Cluny sous le titre de Cluny, les églises et la maison du chef d’ordre. Sur bien des points, les hypothèses de Kenneth John Conant vont acquérir le statut de références dans le monde de l’histoire de l’architecture médiévale. Amis, avec l’appoint des fouilles archéologiques récentes, il apparaît que certaines conclusions des travaux de l’archéologue peuvent être remises en cause.

Notes
893.

Voir liste dans la bibliographie générale.