b. Mise en évidence du site primitif

Depuis 1988, la reprise des fouilles sur Cluny autorise une autre lecture du site. Très vite, le travail archéologique s’est trouvé confronté à des questions intéressant la géomorphologie du lieu et aux relations existant entre le terrain naturel et les divers aménagements médiévaux. Il y a en effet une conjonction entre deux phénomènes. Le premier se trouve dans l’ampleur de l'ambition des moines. Les bâtiments qui ont été construits pour le monastère se développent sur de très grandes dimensions. L’exemple de la grande église est remarquable. En comprenant l’accès monumental, le bâtiment se développe sur une longueur de près de 220 m de longueur. En largeur, l’ouvrage est tout aussi gigantesque. Il faut compter près de 45 m de largeur hors œuvre pour la nef et pratiquement 80 m de longueur pour le grand transept. Les fouilles ont démontré que la construction était profondément fondée grâce à un chaînage en grille. Un calcul très estimatif du volume de fondation semble indiquer que les constructeurs ont établi au moins 10 000 mètres cubes de maçonneries dans le sous-sol de l’église. Le second phénomène est lié à la configuration géologique et géomorphologique de Cluny. Il existe, au droit de Cluny, sur une aire géographique relativement réduite, une grande variété de faciès de formations anciennes ou plus récentes. Les différents terrains se succèdent très rapidement. Cette richesse minérale va permettre aux moines d’utiliser de bons matériaux pour leurs constructions. Mais, cette composante forte du site de Cluny n’est pas sans poser des problèmes d’implantation des bâtiments notamment en ce qui concerne la recherche du bon sol et les questions d’assainissement.