III.4.1. Méthode d’approche des systèmes hydrauliques de l’abbaye et de la ville

Face aux difficultés d’approche, la confrontation entre différentes données provenant des fouilles archéologiques, de prospections et de la documentation permet une vision analytique de ce Cluny sous Cluny.

III.4.1.1. Les fouilles archéologiques

Depuis le début des investigations de Kenneth John Conant, les opérations archéologiques ont permis la mise au jour de plusieurs tronçons de conduites pouvant être associées à des réseaux d’adduction d’eau, aux systèmes d’évacuation des eaux perdues et au drainage du sol et des constructions. Toutefois, l’appréhension de la conduite dans ses extensions reste souvent limitée à la dimension de la fouille. Tout au plus, il est possible d’avoir des indications de direction et de pente. En revanche, les renseignements donnés par ce biais sont d’ordre qualitatif. Il sera possible de saisir à quel type de réseau la structure appartient. La démarche archéologique donne des informations sur le type de construction. La position de la conduite est perceptible dans le cadre de l’environnement stratigraphique quand l’intervention archéologique en permet la lecture.

Les fouilles de Kenneth John Conant ont permis de recueillir un certain nombre de données sur des installations de drainage situées autour de la grande église et sur des dalots placés dans le cloître. En revanche, la documentation que le chercheur américain a rassemblée manque des précisions permettant de saisir ce qui est du fait des moines et ce qui serait lié aux aménagements de l’abbaye après la Révolution.

Depuis 1988, les opérations archéologiques révèlent pratiquement à chaque fois des éléments appartenant aux réseaux hydrauliques anciens. Les fouilles en extension réalisées sur l’avant-nef, sur le bras sud du transept et près des ateliers de l’Ensam ont permis de suivre des canaux et des conduites d’eau sur plusieurs mètres. Ces découvertes ont l’avantage d’être bien calées en chronologie relative. Les surveillances archéologiques effectuées dans la ville et dans les anciens espaces monastiques intégrés dès le XIXe siècle au tissu urbain permettent entre autres la mise au jour de diverses canalisations. En particulier, de nombreux dalots ont été recoupés lors de la réfection de plusieurs rues de Cluny. Malheureusement, dans ce type d’intervention, le manque de temps et les choix d’intervention qui en sont liés ont assez régulièrement défavorisé l’analyse des vestiges de réseaux hydrauliques. Nous nous trouvons donc finalement devant la découverte d’un nombre relativement important de structures sans qu’il soit bien possible d’envisager les fonctions et les chronologies.