e. Témoignages d’une adduction dans l’abbaye médiévale

Le plus ancien document qui nous permet d’entrevoir l’existence d’une adduction d’eau médiévale à Cluny est une charte du temps d’Odilon. Certains actes étaient en effet signés dans le cloître en particulier dans la salle du chapitre. Dans le cas unique de l’acte CLU 2009, l’événement se placerait dans le cloître devant la fontaine. La charte est datée de manière imprécise par Auguste Bernard entre 993 et 1048. La mention dans le texte de Constantin des Maillys laisserait plutôt supposer que l’acte aurait été rédigé entre la fin du Xe siècle et les premières décennies du XIe siècle1227. Marquant l’existence d’une fontaine de cloître, le document permet de supposer qu’il existait un système d’adduction d’eau au moment de l’abbatiat d‘Odilon. Le Liber tramitis aeui Odilonis signale bien l’usage courant de l’eau dans le monastère dans les environs de 1030. Les coutumiers établis sous l’abbatiat d’Hugues de Semur montrent que l’eau était très présente dans le monastère de la deuxième moitié du XIe siècle. Le coutumier d’Ulrich précise justement qu’il y a un lavabo secret avec aqueduc qui permettait aux religieux de laver leurs femoralia. Dans le cloître, il existe par ailleurs un point d’eau, divisé en plusieurs cuves où peuvent être lavés séparément le stamineum et les femoralia1228. La cuisine était aussi dotée d’une fontaine. Selon le moine italien biographe de l’abbé saint Hugues, il y a des canaux cachés qui apportent l’eau et la déversent en abondance dans tous les endroits où celle-ci est nécessaire1229. Un manuscrit du premier tiers du XIVe siècle relatif aux revenus et dépenses de l’abbaye note qu’il faut trente livres pour l’entretien et la réparation des conduites1230. Un compte-rendu de visite de l’abbaye signale en 1319 l’existence d’une conduite de plomb reliant la Galilée à l’abbatiale1231. Les tracés de canalisation retrouvés dans le sol ont-ils un lien avec cette mention ?

Nous voyons que la liste des sources reste peu importante. Mais, elles ont le mérite de révéler qu’il existait des équipements hydrauliques importants pour alimenter l’abbaye en eau.

Notes
1227.

Constantin de Maillys est connu dans les chartes datées entre les années 981 et 1002. Constantin est en particulier possessionné au nord de Cluny, sur les territoires proches de la Grosne (Massilly, Merzé, Varanges, Cotte, les Maillys, Colonges). Il possède aussi des propriétés sur Ruffey (CLU 3174) cf. Georges Duby, 1971-1988, p. 71.

1228.

Migne, CXLIX, col 707. Ulrich, chap. XIII et XV

1229.

Guy de Valous, 1935-1970, p. 84

1230.

Jean Virey, 1910-2, p. 279 et 286.

1231.

Gaston Charvin, 1967, p. 456.