c. Prospection des égouts du monastère

Conditions de la prospection

La prospection des égouts s’est établie sur près de 1 500 m de conduites de section suffisamment importante pour qu’un homme puisse s’y glisser. Les conditions de travail ont été particulièrement difficiles. Elles sont liées au fait que les égouts du monastère sont encore actuellement utilisés pour l’assainissement de l’école des Arts et Métiers. Par ailleurs, depuis le départ des moines, le réseau ne semble pas avoir fait l’objet de beaucoup d’entretien et notamment de curage régulier. La prospection a dû prendre en compte l’ensablement. Du temps des moines, les conduits devaient être régulièrement nettoyés. Or actuellement les collecteurs principaux sont laissés à l’envahissement des alluvions. Ce problème de l’ensablement permettrait s’il était pris en compte de réduire l’humidité résiduelle du site. Cette humidité est d’ailleurs accentuée depuis que l’église abbatiale par son axe est ouest offre un exutoire aux eaux de ruissellements de la colline Saint-Mayeul.

Dans un rapport sur le transit des eaux de ruissellement provenant de l'aménagement de l'avant-nef de Cluny III, la S.D.E.I. avait constaté l'état préoccupant des conduites. Les conduites se ruinent petit à petit. L'eau a en effet miné les radiers et les bases des parois. Certains tronçons sont en voie d'obstruction ou d'effondrement.

Si l'état des conduites paraît problématique dans le cadre précis d'un transit important de fluides, les observations qui ont été faites lors du premier examen des réseaux montrent un niveau de dégradation moins préoccupant. Malgré les destructions plus ou moins partielles des pieds et des radiers, les conduits sont archéologiquement bien conservés. En règle générale, les parois et les voûtes sont intactes. Certains tronçons, par exemple l'égout des cuisines, présentent un état de conservation exceptionnel.

L’étude des tailles de pierre n’est plus possible car les surfaces des parements ont été attaquées par l’acidité du milieu.

Plusieurs contraintes ont été rencontrées lors de la prospection.

Le premier des inconvénients est l'étroitesse et l'obscurité des boyaux. Le cheminement se fait dans la plupart des cas arc-bouté ou accroupi. Dans certains cas, la progression s’est effectuée en rampant. Le noir pratiquement total a nécessité l'emploi d'un éclairage puissant et fiable. Une partie des réseaux est très peu aérée. Cet inconvénient a empêché la visite de conduites qui pourraient s'avérer appartenir à un ancien système de l'abbaye. Il était souvent difficile de travailler plus de deux heures de suite compte tenu de l’hostilité du milieu. Utilisés pour les évacuations de l'école d'ingénieurs, les égouts posent aussi des contraintes liées aux écoulements et à la faune (très nombreux moucherons, rongeurs) que l'on peut y rencontrer. Face à cela, une hygiène stricte est nécessaire avec notamment le port de vêtements étanches… Par ailleurs, les vaccinations contre la leptospirose, l'hépatite B et la typhoïde ont été effectuées. En cas de pluies continuelles ou de crues, la visite des égouts est rendue hasardeuse.

La méthode de travail a été mise au point sur le terrain. Pour le plan, l’implantation d’axes à l’aide de cordelettes de nylon, placées dans la longueur des tronçons a facilité le relevé. L’orientation de chaque axe est notée. Par ailleurs, les relations géométriques entre les intersections des axes successifs sont aussi prises en compte. Dans un premier temps, le relevé était fait sur une minute au 1/20e. Mais, compte tenu des conditions de travail, cette méthode a été abandonnée au profit de l’utilisation d’un dictaphone. L’utilisation de cet appareil s’est avérée particulièrement efficace.