III.4.3.3. Chronologie d’un réseau totalement artificiel

Le système hydraulique tel qu’il a été précédemment décrit n’a plus rien à voir avec le réseau hydrographique qui existait avant la venue des moines.

Il est extrêmement difficile de retrouver où pouvaient se placer les lits des rivières dans leur cours naturel. Si les modifications au droit de Cluny sont exemplaires, il faut aussi se méfier en aval et en amont de la ville de l’apparence naturelle du lit actuel de la Grosne. En revanche, le cours supérieur du Médasson ne pourrait pas poser de problème : il est resté semble-t-il dans le talweg de la vallée où il coule.

L’observation du lit majeur de la Grosne entre Clermain et Cormatin signale que la rivière sait changer de lit. Mais, si l’activité naturelle est à prendre en compte, le phénomène anthropique pourrait ne pas être négligeable. Les nombreuses installations de moulins ont suffisamment modifié l’hydrodynamisme du flux d’eau pour que la manière dont la rivière coule soit affectée. Inversement, l’abandon des installations hydrauliques au XXe siècle n’a pas manqué de redonner à la rivière une vigueur qu’elle avait dû perdre anciennement. Mais, à l’inverse, dans cette évolution, les aménagements lourds comme les moulins, les ponts, les installations de Cluny, pérennisent le tracé de la rivière, et s’opposent à ce que celle-ci puisse modifier son lit mineur.

Au niveau de la ville de Cluny, les canaux plutôt rectilignes ont été creusés pour les besoins de l’abbaye, éventuellement de la ville. La Grosne et le Médasson tels qu’ils nous apparaissent ne coulent pas dans leur fond de vallée respectif. Il s’agit en fait de dérivations. Leur confluence partielle en amont de la tour du moulin et au niveau de la prise d’eau permettant d’alimenter des installations dans le monastère est attachée à l’optimisation du système hydraulique dans le cours d’un développement qui se trouve étroitement lié celui de l’abbaye.