e. Les bains

Nous avons vu que les textes normatifs apparaissent restrictifs en ce qui concerne le bain du religieux. Dans la règle bénédictine, le bain est rarement permis aux frères bien portants¹³⁷³. La réforme carolingienne laisse une possibilité très réglementée pour le bain¹³⁷⁴. Il est admis que le religieux puisse prendre un bain à Noël et à Pâques. Nous avons pu précédemment remarquer l’existence dans la documentation carolingienne de plusieurs bâtiments renfermant des bains. Tous sont situés au niveau d’espaces réservés aux moines, aux malades et aux occupants de l’école interne. Le bain qui est destiné aux moines est placé en bout de l’aile du dortoir, à l’ouest et à proximité des latrines.

Ces installations sont aussi présentes dans le monde clunisien. Le Liber tramitis aeui Odilonis signale des bains. La disposition qui est donnée dans le texte n’est pas sans rappeler l’emplacement prévu sur le plan de Saint-Gall. Les bains se trouvent à soixante pieds du réfectoire en tête des latrines¹³⁷⁵. Si les représentations du plan de Saint-Gall restent très schématiques, nous avons avec le coutumier de la première moitié du XIe siècle, une description de l’agencement des lieux¹³⁷⁶. Dans les bains il y a douze cryptes (criptae) avec tout autant de cuviers (dolii). Ce terme peut-il recouvrir l’acception d’espace voûté dans lequel on trouvait une cuve pour se baigner ? Dans le document, trois passages font référence au terme cripta, mais, ils concernent l’église¹³⁷⁷. Malheureusement pour nous aussi le terme de Balneum n’est mentionné qu’une seule fois. Rien ne permet donc d’avoir des indications complémentaires, sur les lieux et sur les pratiques et la fréquence des soins du corps. La description du monastère signale l’existence de douze cryptae constituant les bains.

Le coutumier d’Ulrich est plus précis sur la réalité du bain des moines. Un chapitre du document normatif est consacré au bain¹³⁷⁸. Le bain est pris deux fois l’an, avant Noël et avant Pâques. Le religieux se lave dans une cuve (cuppa) remplie d’eau chaude. Le chapitre précise qu’un frère surpris dans son bain à l’heure d’un office ne sera pas inquiété pour son absence.