b. Les forges de l’abbaye

L’existence de forges appartenant l’abbaye de Cluny est soulevée par un texte du XIVe siècle qui a été publié par Jean Virey en 19101452. Le document signale deux forges. La première est appelée la forge de l’abbaye où il est dépensé 35 livres pour les chars, les tombereaux, l’habillement des forgerons et les roues de moulin ! Il existe par ailleurs dans la ville une autre forge destinée au ferrage des chevaux et des ânes1453. Si la seconde installation apparaît appartenir à l’économie classique du monastère, il n’en va pas de même de la forge de l’abbaye. La mention apparaît se rapporter à une construction importante, munie d’au moins une machine hydraulique permettant, on le suppose, de faire fonctionner des soufflets, voire, pourquoi pas, des martinets. La localisation de cette installation n’est pas possible. On pourrait supposer compte tenu des appellations qui opposent ville et abbaye que l’installation soit située à l’intérieur du monastère. Mais, rien n’est moins sûr. La forge peut aussi se trouver en dehors de l’enceinte au niveau d’une des grosses installations hydrauliques implantées autour de l’abbaye. Les possibilités d’approvisionnement en matériaux apparaissent exister. En effet, Bouché de la Bertillère mention la richesse en fer du secteur de Ruffey situé à l’ouest de la ville. En revanche, l’érudit clunisois précise qu’il ne connaît pas d’exploitation de ces gisements.

Les fouilles réalisées en 1996 avant l’extension des ateliers de l’Ensam ont permis de mettre en évidence un dépôt de scories d’affinage indiquant la proximité d’une forge (fig. 149). Compte tenu de l’emplacement et des datations possibles de la fin du XIe siècle, les contextes avaient été associés au chantier de construction de l’église abbatiale qui nécessairement pour la maçonnerie et pour les outils demandait la production de métal.

Notes
1452.

Jean Virey, 1910, p. 264-290.

1453.

« Sequitur de forgia abbatia. Primo pro quadrigis nostris et tomberellis ac molendinorum rotulis manutenendis veste sua in hac summa computatis…XXXV librarum. Sequitur forgia ville. Primo pro equis et equabus quadrigarie et asinarie nostre per annum ferrandis et salario marescallie si necesse fuerit curandis secundum quantitatem dictorum equorum et equarum cum pluribus aliis equis ferrari in hujusmodi forgia consuetis… LX librarum.