IV.2.3. Hydraulique et constructions

Le site d’implantation de monastère de Cluny reste un lieu humide malgré sa situation en surplomb de la vallée de la Grosne. Les moines n’ont cessé de trouver des alternatives permettant de drainer les eaux de nappe et de ruissellement. Il y a d’une part les égouts qui pouvaient avoir pour fonction secondaire d’essorer le sommet de la nappe. Mais, il existe aussi des aménagements purement réservés à la fonction de récupération des eaux d’infiltrations. Les dispositifs peuvent être conséquents comme ceux qui ont pu être mis en évidence lors des fouilles de l’avant-nef. Mais, au-delà, de cette préoccupation pour assainir le sol, il apparaît que les moines ont involontairement provoqué l’insalubrité du sol. En effet, les constructions monastiques sont de telles dimensions qu’elles se trouvent à l’échelle de la formation géologique du lieu. Les fondations de la grande église en particulier coupent selon un axe est-ouest la totalité des contextes sédimentaires et morpho-sédimentaires se trouvant sur le site entrainant une circulation facilitée de l’eau de nappe, notamment par l’intermédiaire des maçonneries qui jouent ici le rôle de véritables captages. Il semble que les constructeurs de l’église abbatiale n’aient pas à l’origine prévu suffisamment cet inconvénient résultant de l’établissement du bâtiment. La solution, partielle, sera trouvée en mettant en place un réseau de drains de grande capacité.

La correspondance entre l’orientation du réseau viaire formant la trame de l’urbanisme de Cluny et celles des différents canaux courant sous la ville est intéressante à souligner. Elle pourrait révéler une urbanisation qui s’organise à partir du réseau hydraulique mis en place par les religieux. La ville en création vient finalement s’adapter au paysage modelé pour les besoins du monastère. La relation très directe entre le cours d’eau et la rue crée l’occasion du développement des artisanats de l’eau, des foulons connus dès la deuxième moitié du XIe siècle, de la boucherie, des tanneurs installés très tardivement dans la rue du même nom, appelée sur les documents graphiques du XVIIIe siècle rue de Bourgneuf.