3.2. Expliquer, ordonner : le langage de l’enfant au prisme de la théorie linguistique

‘"In studying the development of children's speech, what we find in our data is heavily influenced by what we expect to find on the basis of our theoretical preconceptions. In fact, how we handle the data of children's speech typically reflects the techniques we have already developed for handling linguistic data in general, especially data from normal adult speech. " (Peters 1977 : 560).’

La théorie linguistique distingue des niveaux d’analyses qui sont découverts et appris ensemble par l’enfant. Il est donc important de préciser d’emblée le statut de ces distinctions : elles ne disent a priori rien de la façon dont l’enfant entre dans la langue, elles n’ont certainement aucune pertinence cognitive, mais nous allons voir en considérant deux d’entre elles qu’elles sont pour le chercheur des outils heuristiques importants. Elles nous intéressent particulièrement ici en tant qu’elles constituent autant d’articulations potentielles entre langage et mouvement. Si par exemple il existait une correspondance entre l’apprentissage de certaines catégories grammaticales et l’expression du mouvement, ce serait le raccourci le plus rapide entre perception et langage (Miller & Johnson-Laird 1976 : 83). Nous voulons ici montrer les limites de telles correspondances, et ce faisant en découvrir d’autres. L’objet de ce qui suit est donc de mettre l’accent sur certains points qui ont retenu toute notre attention dans l’analyse des données.

Nous partons de questions fondamentales pour l’étude du développement du langage et montrons à quels types de découvertes (et de problèmes éventuels) elles conduisent, avant d'examiner les deux grands paradigmes théoriques qui s'attachent à les expliquer. Nous verrons alors que l’un se prête mieux que l’autre à la prise en compte de la dimension dynamique qui nous occupe.