Le corpus de Providence (Demuth et al., 2006).

Les procédures de recueil des données et les conventions de transcription sous CLAN sont les mêmes pour l’ensemble du corpus (Lyon et Providence) : elles sont parfaitement conformes aux exigences du projet CHILDES, et comprennent en plus quelques conventions propres au(x) projet.(s) –par exemple, le codage des liaisons dans la transcription orthographique.

Ici aussi, nous n’avons considéré que les données qui avaient été transcrites, c’est-à-dire à quatre enfants (soit près de deux cents heures de vidéo) : Ethan, Lily, Violet et William.

Les inventaires du développement communicatif ont bien été remplis par les mères mais nous n’avons pas pu y avoir accès pour des raisons matérielles et techniques. Nous disposons seulement de certains renseignements que nous discutons ci-dessous.

Les données de Lyon et de Providence ont été collectées dans le cadre d’un partenariat, et suivant des conventions communes. Les enregistrements ont été réalisés au domicile toutes les deux semaines, à l’aide d’un caméscope numérique peu encombrant et de deux micros haute-fréquence sans fil (un pour chaque membre de la dyade) : la mère ou le père et l’enfant portent donc un petit micro-cravate, et le boitier haute-fréquence que le parent porte à la ceinture, et qui pour l’enfant est dissimulé dans un petit sac à dos. L’enregistrement dure une heure, sauf si les conditions ne le permettent pas (enfant fatigué, malade). L’enfant remarque ce dispositif, surtout lors des premières séances, et l’on trouve dans les enregistrements des commentaires sur le sac à dos dont l’enfant veut parfois se débarrasser, ou sur le micro qu’il remarque peut-être davantage chez son interlocuteur. Mais la plupart du temps, les interactions fonctionnent normalement sans que l’on ait à se soucier de l’équipement. C’est le rôle de l’expérimentateur, qui contrôle la qualité sonore en cours d'enregistrement et veille au cadrage. Il a pour consigne de se faire le plus discret possible et de ne pas intervenir dans les discussions, il suit les participants lorsqu'ils changent de lieu.

Il existe cependant une différence importante entre les données de Lyon et les données de Providence. Au lieu d’envoyer systématiquement un observateur extérieur, l’équipe a fait le choix de limiter ses interventions au strict minimum (premières séances, et début des suivantes si nécessaire) et de proposer aux parents une caméra fixe, sur pied. Ce choix présente certes l’avantage de limiter le caractère intrusif du dispositif, et de donner, peut-être, plus de naturel à la situation, mais il occasionne des problèmes d’interprétation accrus à chaque fois que l’enfant et/ou la mère est hors champ. Nous avons essayé de réduire au maximum le nombre de ces problèmes en choisissant pour nos études détaillées deux enfants qui n’étaient pas trop souvent hors-champ.

C’est aussi pour cette raison que nous n’avons pu étudier les gestes de manière systématique et quantifiée –même si nous avons tenu à inclure dans notre inventaire les gestes que l’on pouvait observer.