2.3.2. Comparabilité ?

Si les données françaises et américaines sont en apparence comparables, il faut aussi tenir compte des différences inter-langues relevées dans la littérature. Dans une étude réalisée au Québec, incluant 19 enfants francophones et 18 anglophones, Thordardottir (2005) propose une comparaison des premiers développements lexicaux et syntaxiques dans les deux langues, en vue de fournir des normes jusqu’alors manquantes. Les résultats montrent tout d’abord des différences assez prononcées entre la taille du vocabulaire des enfants francophones et anglophones, évaluée sur la base des scores obtenus aux inventaires du développement communicatif (MacArthur Communicative Development Inventory, cf. Fenson et al., 1993 ; et Frank et al., 1997 pour la version québecoise), puis une plus grande comparabilité au niveau des longueurs moyennes d’énoncés. Ces résultats montrent bien que l’appariement d’enfants de langues différentes doit être pratiqué avec le plus grand soin, et de préférence en deux temps : situer d’abord le niveau de développement de l’enfant par rapport à des indices globaux étalonnés sur des populations d’enfants de même langue, puis le comparer à d’autres enfants sur la base de ces niveaux développementaux (voir par exemple Lindner et Johnston, 1992 ; Bates et al., 1994). Nous considérons donc ici les indices globaux comme préalable à la comparaison de nos données.