Types et occurrences dans les enregistrements

Même s’ils constituent un indice peu représentatif des productions globales des enfants, et donc du développement de l’enfant, le nombre de mots (en types, ainsi que le ratio types/occurrences) produits au cours de chaque enregistrement nous donne une idée du contenu de nos données. Il se peut en effet que les données soient plus ou moins représentatives, qu’un enfant soit particulièrement inhibé face à la caméra ou qu’au contraire, la situation d’enregistrement suscite des productions langagières inhabituelles. Ainsi par exemple la mère de Théotime constate-t-elle, lors du troisième enregistrement, que son enfant parle beaucoup moins que d’habitude lorsqu’il se trouve en présence de la caméra :

La mère : Bon, peut-être qu’on joue trop en fait.

La mère : P(eu)t-êt(r)e que du coup euh, tu es plus intéressé t(u) as pas envie d(e) parler t(u) es occupé à jouer.

L’observatrice : Parce que sinon, quand il y a pas la caméra il…

La mère : Ben oui il discute quand même.

L’observatrice : Il discute bien.

La mère : Hein, Théotime ?

La mère : Parce que là, t’es un peu plus en forme que l’autre fois mais…

Séquence 7 : La mère de Théotime (1 ;0.27) parle avec l’observatrice de l’inhibition de son fils face à la caméra

Nous avons donc calculé le nombre de mots produits lors de chaque séance (calcul par type et non par occurrence, pour tenir compte aussi de la diversité) et comparé les résultats obtenus : on remarque que les productions de Marie et Théotime connaissent effectivement une évolution comparable, tout comme celles de Madeleine et Naima, ou de William et Violet, avec cependant des variations importantes d’un enregistrement à l’autre, comme en témoignent les pics et creux sur le graphique ci-dessous.

Figure 7 : Nombre de mots produits (types) par les enfants de nos corpus, en fonction de leur âge.
Figure 7 : Nombre de mots produits (types) par les enfants de nos corpus, en fonction de leur âge.

Ces valeurs absolues sont effectivement très tributaires des contextes de production, du type d’interaction dans laquelle l’enfant est engagé, des dispositions de l’enfant (qui peut être fatigué ou malade). Si l’on ramène ces valeurs à un ratio qui tienne compte aussi du nombre d’occurrence de chaque type produit, on trouve encore moins d’écart entre les enfants, surtout après 1;08.

Figure 8 : Ratio type/occurrence chez les enfants de nos corpus, en fonction de leur âge.
Figure 8 : Ratio type/occurrence chez les enfants de nos corpus, en fonction de leur âge.