3.2. Codage et analyses

Nous avons codé le sémantisme de chaque préposition en contexte, et réalisé une comparaison inter-langues (français/anglais) afin de réexaminer la pertinence de l’hypothèse localiste pour l’ontogenèse. Comme nous allons le voir, il s’agit d’une procédure que l’on ne peut automatiser qu’en partie, et qui par conséquent met en jeu des analyses raisonnées en amont, mais aussi tout au long du processus.

Choix du logiciel

Pour cette étude, comme pour l’ensemble du présent travail, nous avons beaucoup utilisé les programmes du logiciel CLAN (MacWhinney, 2000), qui offrent des possibilités immenses, mais exigent que l’on prête une attention toute particulière aux tenants et aux aboutissants de chaque requête. Les programmes de CLAN sont ainsi capables, à partir d’une transcription même minimale (c’est-à-dire ne comprenant que des lignes orthographiques), de repérer toutes les prépositions produites par l’enfant et de les lister par types avec leurs fréquences d’occurrences. Seulement même si de telles analyses sont précieuses comme point de départ d’une étude comme la nôtre, on ne peut apercevoir dans les résultats obtenus qu’un panorama peu significatif et difficilement interprétable.

Figure 14 : Panorama des premières prépositions (types en nuances de gris et occurrences en ordonnée) produites par un enfant anglophone (William) entre un an et quatre mois et trois ans et quatre mois (les âges sont donnés en abscisse).
Figure 14 : Panorama des premières prépositions (types en nuances de gris et occurrences en ordonnée) produites par un enfant anglophone (William) entre un an et quatre mois et trois ans et quatre mois (les âges sont donnés en abscisse).

Pour répondre à la question qui nous occupait, nous avions besoin de catégoriser ces usages en fonction de leur sémantisme spatial ou non. Décider que tous les usages de la préposition anglaise «to» par exemple, étaient spatiaux, sans examen des occurrences en contexte n’aurait pu produire que des résultats peu fiables puisque la vérification de notre hypothèse aurait reposé uniquement sur la fréquence relative de certains types de prépositions jugées intrinsèquement spatiales. La plus grande variété de prépositions spatiales dans la langue anglaise aurait probablement suffi à faire apparaître une primauté du spatial en anglais, et non en français. De plus, il est évident que de nombreux usages canoniques de la préposition « to », par exemple, sont bien éloignés du sémantisme spatial originaire. Il fallait donc faire reposer nos comptages sur une distinction issue d’analyses linguistiques.