Résumé

L’objet de ce chapitre est de caractériser la méthodologie adoptée dans ce travail : nous soulignons d’abord l’importance des données, présentons nos suivis longitudinaux et mettons en avant le caractère résolument empirique de notre approche, puis nous montrons ce que peuvent apporter des analyses linguistiques fines, à chaque étape du travail sur corpus.

Pour chacun des corpus, nous donnons d’abord des informations générales, qui montrent que les données de Lyon et de Providence ont été recueillies et transcrites selon des procédures semblables. Nous présentons ensuite les données du corpus de Paris, qui ont fait l’objet d’une réflexion particulière et d’enrichissements intégrés dans les transcriptions : notre participation aux deux projets de recherche successifs qui ont permis la constitution et l’exploitation de cette nouvelle base de données nous a appris qu’il était primordial d’avoir une bonne connaissance des données, et nous a permis de prendre conscience des problèmes qui peuvent se poser lors de la collecte des données. Nous présentons ensuite les enfants individuellement, et cherchons quelle combinaison d’indicateurs permettra d’établir des comparaisons plus fiables que celles qui reposent sur l’âge de l’enfant : nous proposons un appariement sur la base de l’indice de diversité lexicale et de la longueur moyenne d’énoncés en mots. Nous soulignons aussi et surtout les particularités de chaque enfant, ainsi que des dyades, au sein desquelles le style interactionnel et conversationnel n’est pas uniforme.

La dernière partie de ce chapitre propose une réflexion linguistique sur la particularité de nos données et de nos outils et sur les contraintes méthodologiques qu’ils imposent. Nous présentons une étude préliminaire sur les premières prépositions, qui a été le point de départ de cette réflexion, et permet de montrer de comment nous utilisons les outils qui sont les nôtres (procédures de transcription et d’analyse automatisée avec les programmes de CLAN) en même temps que d’en situer les limites. Nous concluons sur l’impact des catégorisations utilisées ou produites par le chercheur, auquel cette étude nous a sensibilisée, puisqu’elle nous a emmenée bien au-delà de la catégorie de « préposition spatiale », et a permis de découvrir une catégorie émergente de marqueurs grâce auxquels l’enfant francophone commence à parler de sa relation aux autres.