3. L’impact des catégories linguistiques sur les analyses antérieures

‘“Adult part-of-speech category may not be the critical feature in children’s early lexical development.” McCune & Herr-Israël (sous presse). ’

L’étude que nous venons de présenter correspond à une tentative de prendre en compte à la fois la spécificité des premières productions langagières (en l’occurrence, leur forte dépendance contextuelle) et la langue cible adulte qui nous a servi de support interprétatif. Ce faisant, nous avons projeté les catégories de « nom » et de « verbe » sur des énoncés à un terme où les critères syntaxiques usuels n’étaient pas applicables. C’est sur cette compréhension de la nature de l’input en termes de catégories linguistiques adultes que nous aimerions à présent revenir, pour tenter d’en évaluer l’impact sur notre compréhension du développement du langage. C’est en effet le plus souvent à travers l’étude de certaines catégories syntaxiques que les auteurs ont insisté sur l’importance du langage spatial, et bien peu ont considéré l’ensemble des premières productions langagières pour voir lesquelles faisaient référence au mouvement (cf. Smiley & Huttenlocher, 1995). Or s’il existe des familles de marqueurs directionnels en anglais (prépositions et particules) et en français (principalement les verbes), l’organisation de celles-ci dans le langage de l’enfant est loin d’être sans équivoque : nous avons déjà esquissé les limites de telles analyses dans le premier chapitre. Nous reprenons ici cette question à partir des « termes relationnels » ou « termes événementiels dynamiques »32, catégorie plus vaste et très peu contrainte sur le plan syntaxique, pour voir s’ils permettent de mieux articuler langage de l’enfant et analyses linguistiques. Nous revenons dans un premier temps sur les acquis des recherches néo-piagétiennes, et sur notre tentative peu fructueuse de répliquer ces analyses dans nos données. Nous procédons ensuite à une analyse détaillée de certaines familles de marqueurs souvent repérées comme « termes relationnels ».

Notes
32.

« dynamic event words », pour reprendre le terme de Lorraine McCune, 2006.